Dès la 1ere
édition, cette PicaPica est son ratio distance d+ infernal m’a
donné envie. Mais je ne me sentais pas forcément près et la
création de la PicAriège de 40km de moins aurait pu être ma course
de l’été 2022. C’était sass compter sur Chris pour qui ce
serait la PicaPica ou rien : je n’allais quand même pas le
laisser profiter seul de la tendre caillasse ariègeoise.
Bref, dès janvier
me voilà inscrit, j’achète même dans la foulée une doudoune
très légère et compréssible qui manquait dans ma panoplie pour
répondre aux matériels obligatoires.
En revanche le début
de la préparation se fera attendre : une moyenne de 2 sorties
CAP par semaine, pas beaucoup de dénivelé, un peu de vélo mais
sans plus, ce qui ne m’empêchera pas fin mai de faire un beau GR73
dans les Bauges, qui m’aura rassuré un peu sur mon état général.
Mi-juillet je fais
une première excursion de 5jours à Auzat avec le sac de randonnée
pour reconnaître une partie du parcours en bivouac. Excellente idée
à recommander pour ce genre de course, le poids du sac oblige à
avoir une vitesse proche de celle qu’on aura en course et la
lenteur préserve les articulations, et on peut mieux profiter des
paysages qu’en course où l’on regarde beaucoup ses pieds…
J’aurai reconnu
tout le parcours sauf la montée du Riufret, celle du pic rouge de
Bassiès et la descente finale derrière. Bonne idée également de
ne pas avoir repérer ces deux difficultés pour ne pas en être
dégoûté d’avance.
Une autre semaine
dans les Alpes et quelques sorties dans les Pyrénées Orientales
viendront compléter ma préparation clôturée par le championnat du
Canigou 2 semaines avant la course (34km 2200d+ avec une interminable
descente de 2200d- qui m’aura détruit les quadris pour 3 jours).
Désormais, si je suis prêt tant mieux, sinon…
Arrivé le lundi 15
août à Goulier, camp de base de l’expédition, j’aurais profité
du calme du village pour rester allongé 21h/24, le reste du temps je
me baladais peinardement sur les jolis sentiers à proximité ou
faisais et refaisais mes sacs de course et d’allégement en me
posant les cruciales questions : quelles chaussettes ? Où
ranger la frontale ? Prends-je ce coupe-vent ? Combien de
compotes ? Où est la Rozana ?
Vendredi 19 août
2022 5h
Il fait une
température parfaite à Auzat ce matin-là, le ciel est nuageux, le
départ donné, la première montée jusqu’à la Pique d’Endron
se fait dans un calme froid, j’ai du enfilé mes moufles
imperméables car l’humidité matinale me glace le bout des doigts,
on avance à la queue leu leu et je suis avec Chris à l’Endron un
peu plus vite que prévu (j’ai un pseudo roadbook en 40h fait sur
l’application Liverun)
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L'Endron en juillet |
Auzat ⇒ Pic
d’Endron : 2h36 - 10,4km - 1715d+ - 129ème
Derrière la pique d’Endron, une descente raide mais pas trop
difficile nous permet de rejoindre le ravitaillement du refuge
d’Izourt, près du lac et barrage du même nom. On arrive ensemble
avec Chris, et on ne traîne pas au petit ravitaillement (je remplis
tout de même un sachet de quelques morceaux de saucissons et fromage
et un gobelet de coca). Je suis parti avec une flasque de 75cl de
sirop de menthe et l’autre d’eau avec un comprimé d’électrolyte,
j’ai bu toute la menthe et décide de passer à un mélange
st-Yorre / eau parce que je fais ce que je veux. Après Izourt, ça
monte irrégulièrement jusqu’à un étang qui marquera la
séparation des parcours de la Picariège et Picapica (la picariège
file direct vers le refuge Fourcat alors que nous allons faire un
crochet en Andorre). C’est dans cette portion que je distance peu à
peu Chris que je ne reverrais plus.
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Lac d'Izourt en Août |
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Lac d'Izourt en Août |
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Montée vers Petsiguer
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Pic d’Endron ⇒
étangs de Petsiguer : 5h05 – 19,4km - 2452d+ - 100ème
Du pointage de Petsiguer, on continue de monter jusqu’au port de
Albeille, à la frontière Andorrane et le temps passe très vite car
ce n’est pas « très » technique, que les nuages ont
disparu, que je me rappelle de ce passage pendant ma randonnée. A
partir de là les écarts commencent à être importants entre
coureurs, en gros on est espacé de 50-100m à chaque fois. Petite
descente raide mais courable sous le port de l’Albeille pour
remonter aussi sec en France au col de Tristagne, je double deux
trois coureurs par ci par là et la descente dans les éboulis vers
le refuge Fourcat passe crème.
Il faut faire un aller-retour au refuge pour le ravitaillement donc
on croise les coureurs précédents sur 300mètres, mais aussi ceux
de la PicAriège.
Une fois de plus, je ne traîne pas au ravitaillement : grand
verre de coca – mélange St-Yorre/eau, des chips et ça repart.
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Port de l'Albeille, ça pilque |
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Port de Tristagne, vu côté Andorran |
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Port de Tristagne, vu côté français - Etang Fourcat |
Petsiguer ⇒
refuge de l’étang Fourcat : 6h39 – 25,8km - 3118d+ - 88ème
Ca repart pour la montée au pic de Malcaras et on croise donc
d’abord les coureurs qui vont vers le refuge Fourcat, je guette
Chris mais ne le vois pas, je me demande ce qu’il fout car il est
censé être plus rapide que moi.
La montée au Malcaras, bien que courte, est raide mais on est
nombreux du fait des Picariègeois qui vont comme nous à Soulcem. Il
n’y a que 400m d+ pour atteindre le sommet, mais ensuite 1200d-
pour arriver à la base vie de Soulcem. Bon c’est pas du faux plat
descendant, plutôt entre 30 % et 40 % sur 3km, autant dire
qu’il faut bien avoir serrer ses lacets pour éviter de compoter
ses orteils.
Enfin ça passe bien même si la fin derrière un groupe que
l’étroitesse du sentier m’empêche de doubler est un peu
barbante.
Refuge ⇒
Soulcem 1 base vie : 8h16 – 31,7km – 3518d+ - 69ème
A la base vie, je
mange une soupe un peu trop épaisse à mon goût et tout un tas de
trucs pendant que mes pieds prennent le frais et se renokent (je les
aide). J’ai mangé 2 compotes, un gel, une barre de céréale et un
snickers sur ces 8 premières heures de course, en plus du grignotage
sur ravito.
Au bout de 20min de
pause ce qui est raisonnable, je repars avec le plein d’eau/St-Yorre
dans une flasque, et de pulco surdosé dans l’autre (beurk).
En sortant de la
base vie, les 2 parcours se séparent de nouveau et je me retrouve
seul sur les quelques kilomètres faciles avant d’attaquer la
montée vers les étangs de Caraussans et l’Andorre.
Lors de ma
randonnée, j’avais complètement explosé dans cette montée / ce
mur, alors je stresse un peu et j’essaie de me trouver un rythme
soutenable sans trop d’effort. Je fais d’incessant calcul de
vitesse ascensionnelle sur cette portion, et il semblerait que je
tienne un 600-650md+ ce qui pour moi est excellent. Au sommet de
cette rude montée, après avoir longé un des lacs où j’avais
bivouaqué un mois plus tôt, on arrive dans un autre monde :
celui des remontées mécaniques et du mirador d’Arcalis, ça fait
bizarre de voir des touristes arrivés là-haut en sandalettes, mais
à vrai dire c’est comme une parenthèse moelleuse au milieu de ce
parcours sauvage.
Je fais le tour du
mirador tranquillement, puis entame la descente roulante jusqu’au
ravitaillement d’Arcalis, tenu entre autre par l’ancienne
organisatrice de la Ronda del Cims.
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vallon de Soulcem |
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Port de l'Albeille et de Tristagne de part et d'autre du pic Tristagne vus depuis le mirador d'Arcalis
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Soulcem ⇒
Arcalis : 10h55 – 39,3km – 4590d+ - 59ème
Ce ravitaillement est différent des autres, comme sur la Ronda, il
est composé d’un petit buffet de crudités et fruits plutôt
alléchant, Sauf que je n’ai pas envie de traîner, alors je me
fais une petite assisette de pâtes froides, pastèques et melon,
remplis les flasques de je ne sais plus trop quoi, et file sur le
chemin de la Coma ou du col d’Arcalis qui commence tranquillement
en longeant parfois des pistes, ce qui permet de digérer tout en
profitant du réseau 4g andorran pour passer un petit coup de fil à
madame.
Pour moi, c’est la partie la plus facile de la course (et siit une
partie des sentiers de la Ronda), depuis Arcalis ça fait quelque
chose comme 400d+ jusqu’au col, 300d- jusqu’aux étangs de
l’Angonella, 400d+ jusqu’au pic de les fonts avec un petit
passage technique en crête, et 250d- pour atteindre la cabane de
Montmantell, le tout sur des sentiers plutôt « faciles »
comparés au reste de la course. Franchement rien à signaler sur
cette jolie portion faite seul avec 3-4 gars à 200 ou 300 mètres
derrière et deux gars en vue de temps en temps au loin devant...Une
simple pause avant le passage en crête pour bouffer une compote ou
barre mais sinon le rythme était régulier. Les places gagnées sont
donc à mettre au crédit de ma pause rapide au ravitaillement
d’Arcalis.
Arcalis ⇒
Cabane de Montmantell : 13h19 – 47km – 5510d+ - 53ème
De la cabane de Montmantell, il faut revenir en France en montant
200d+ environ au port d’Arinsal, autant dire que ça passe vite, on
longe deux superbes lacs encaissés, et le col est étroit, c’est
de toute beauté !
La descente derrière de presque 900d- jusqu’à la cabane de Crouts
est moins rigolote sur sa première partie, mais je rattrape un gars,
prénommé Samson, avec qui je ferai une grosse partie du reste de la
course, parfois devant, parfois derrière, parfois ensemble. L’air
de rien, en discutant un peu, le temps passe plus vite, mais on est
aussi plus souvent distrait ce qui nous fait rater deux-trois
fanions, sans conséquence autre que quelques secondes perdues.
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Etangs de Montmantell sous le port d'Arinsal |
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Descente du port d'Arinsal |
Montmantell ⇒
Cabane de Crouts : 14h47 – 52,2km – 5808d+ - 52ème
Le ravitaillement de la Crouts est sommaire : deux tentes en
haut du vallon de Soulcem. Je m’y assois sur un tabouret pliable
est pour la première fois de la course, je me sens fatigué. J’ai
même un peu de mal à manger et me demande si ma ceinture ventrale
ne me serre pas un peu trop. Je me force tout de même à grignoter
ce qui traîne, et remplis une flasque d’un mélange
eau-coca-st-yorre à la con avant de me forcer à repartir pour
m’arrêter 150m plus loin car je décide de me préparer à la nuit
en profitant d’un beau rocher pour poser le sac : je range ma
casquette et mes lunettes de soleil pour les remplacer sur la tête
par la frontale, ce qui me prend environ 3heures…
Je constate que je ne suis pas le seul manchot à perdre du temps
avec mes affaires puisque Samson s’arrête également pour enlever
la veste qu’il avait mise au sortir du ravitaillement, et un autre
coureur, Thomas, avec qui je ferai une partie de la montée jusqu’au
Pic de la Soucarrane met ses belles manchettes Andorra Ultra trail.
Mise à part cette petite pause, la montée jusqu’au port de Bouët
se passe sans encombre, quelques randonneurs ont posé leurs tentes
au lac de la Soucarrane, ils y passeront une nuit éclairée par les
frontales des coureurs qui défileront toute la nuit. Thomas est
bavard mais un peu trop rapide pour moi, il s’éloigne
inexorablement lorsqu’on atteint les pentes plus techniques de la
crête menant au pic de la Soucarrane et que j’allume la frontale.
Il y a 400m de dénivelé à effectuer sur la crête, c’est raide
et technique, je me cogne une fois le crâne sur un rocher en passant
une marche un peu haute, je cherche parfois le prochain fanion, j’en
ai vite marre de cette crête de merde…En arrivant au sommet, des
bénévoles nous accueillent : « alors ?? on est
pas bien là-haut !! » « »si si mais faut que je
redescende moi, je monte, je descends, je remonte, je redescends, un
éternellement recommencement » Enfin c’est vrai qu’on est
bien, il fait doux et on aperçoit les frontales clairsemées
derrière nous le parcours quasiment depuis le port d’Arinsal.
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Port de Bouët |
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Crête du pic de la Soucarrane (juillet) |
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Crête de la Soucarrane, Etang de la Soucarrane (juillet) |
Crouts ⇒ Pic de
la Soucarrane : 16h59 – 57km – 6836d+ - 48ème
Le début de la descente du pic de la Soucarrane est raide mais ça
roule à peu près, c’est à partir du port de Roumazet 300d- plus
bas que ça se gâte puisque le sentier disparaît sous les cailloux
pendant quelques 300d- encore, c’est usant et je rattrape une
coureuse belge qui montait très bien mais semble en avoir ras la
casquette des descentes (elle abandonnera à Soulcem). Vers 2250m, ça
devient un peu plus roulant, même qu’il y a un passage plat dans
de l’herbe qui me fait sauter de joie. Puis une bénévole sortie
de nulle part interpelle : « Attention, il y a des marches
glissantes plus loin ! » Là je me dis que pour qu’un
bénévole nous prévienne de la difficulté., doit y avoir une
vacherie quelque part… Ben non, en fait j’ai pas vu de différence
avec le reste de la course, au contraire, bizarre ce coup là.
Bon
on finit la première partie de la descente à l’étang de
Roumazet, et on pourrait continuer tranquillement de descendre
jusqu’à Soulcem sauf que ça serait trop facile. Donc ça remonte
sur 300+ pour aller chercher les étangs de la Gardelle (d’aucun
affirme que ce sont les plus beaux lacs des Pyrénées, c’est
exagéré…). Sur cette remontée, je suis pris de haut-le-cœur,
faut dire que mon ventre me
faisait un peu souffrir depuis le dernier ravitaillement.
Obligé de m’arrêter
quelques instants, plusieurs coureurs me doublent aussitôt alors que
je ne voyais aucune frontale derrière. Je vomis un peu et ça fait
du bien, les petites douleurs abdominales ont instantanément
disparu.
On
finit par arriver au petit col avant les étangs, il ne reste plus
qu’à descendre 800d- tout de même et c’est looooooong…
Impossible d’avoir un rythme correct et Samson me redouble à ce
moment, il me dit de m’accrocher mais j’ai un peu perdu la foi en
mes « qualités » de descendeur et je manque de me péter
la gueule plusieurs fois, bref il file.
Dans
cette descente bien technique je manque de lucidité, je n’arrive
pas à comprendre que les lumières tout en bas viennent de voitures
sur la route qui monte à Soulcem et je pleure intérieurement en
pensant que ce sont des coureurs et que c’est trop loin et bam…
un rocher dans le genou, une cheville qui vrille un peu, une semelle
qui glisse, un bâton qui dérape.
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un des étangs de la Gardelle (juillet) |
Soucarrane ⇒
Soulcem 2 base vie : 20h02 – 65,6km – 7365d+ - 57ème
J’arrive à Soulcem pour la seconde fois samedi matin à 1H. Juste
avant la tente, le camion du vendeur de Burger me demande si j’en
veux un (gratuit pour les coureurs), of course que j’en veux !
On me l’apporte dans la tente et il est délicieux !!
Ici je me change entièrement, je renoke les pieds (la plante
commence à être très douloureuse), bois une demi orangina, mange
beaucoup de jambon de pays, deux sandwichs au pâté, des pastèques,
du chocolat, je crois que j’ai tout goûté en fait...Et je tente
une sieste dans une tente prévue à cet effet un peu plus loin, sauf
que j’ai la flemme de mettre un vêtement plus chaud, mes boule
quiès et de prendre un truc en guise d’oreiller donc forcément je
passe 15min allongé mais impossible de trouver le sommeil. De toute
façon c’est pas mon heure il est encore trop tôt, tant pis je
repars en remplissant mes flasques de coca/eau et sirop de citron et
en prenant un coupe-vent léger en plus car je crains le froid du
petit matin sur les sommets.
1h de pause en tout et j’ai l’impression de m’être bien
requinqué, et il faut ça pour la prochaine montée à la
réputation sulfureuse : le col du Riufret 1300m plus haut.
Ma bonne impression fera long feu et si les 200 premiers mètres de
dénivelé positif se passent bien, le reste de la montée sera un
calvaire, entrecoupé de multiples pauses, de grimaces, d’insulte
des organisateurs. C’était dur mais avec le recul, lorsque
j’avançais ça allait et je ne me suis fait doublé que pendant
mes arrêts. Chris ayant fait cette montée de jour me confirmera
qu’il vaut peut-être mieux la passer de nuit, ça évite de se
poser trop de questions !
A 2700m, soit 250m de d+ sous le col, un gars redescend : « bah
qu’est-ce que tu fais ? » « je redescends,
j’abandonne » « hein, mais il ne te reste rien, et la
descente de l’autre côté et beaucoup plus facile pour
abandonner » « non, je ne veux plus rien monter, je
rentre à Soulcem »
Je ne comprends toujours pas sa décision…
Au bout de 4h30 environ, me voilà au col du Riufret et le sentiment
de soulagement est énorme, dans ma tête c’est bon, je vais finir
cette course.
En revanche ça caille sec ! Et il y a beaucoup de vent ici donc
j’enfile mon coupe-vent, ma veste de pluie et les gants ( 10
minutes top chrono, la bénévole du col m’a même proposé de
m’aider tellement je m’y prenais comme un manche avec le vent).
Il reste un petit 100d+ jusqu’au Montcalm, tranquillement je les
grimpe mais les haut-le-cœur me surprennent à nouveau :
deuxième petit vomito qui soulage un peu moins que le premier.
Bippage au Montcalm, premier des quatre 3000 de l’épreuve, tous
regroupés en 3km environ
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Les 3 autres 3000 depuis le Montcalm (Juillet) |
Soulcem ⇒ Pic
Montcalm : 25h10 – 71,7km – 8879d+ - 43ème
De Montcalm on revient au col du Riufret, puis remonte vers le pic
d’Estat et Verdaguer, ou les bénévoles sont blottis comme ils
peuvent à l’abri du vent. Je n’avance pas très vite mais les
quelques coureurs autour de moi sont encore plus lents, ce qui
rassure.
Le soleil se lève petit à petit et on sent l’énergie monter avec
lui, une nouvelle journée commence !
Montcalm ⇒ Pic
d’Estat : 25h40 – 72,9km– 8985d+ - 41ème
Le Sulho c’est le petit 3000 bonus pour voir si on a bien suivi le
jeu : 3km en 1h20 pour l’aller-retour avec une fin d’ascension
compliquée où j’ai hésité à ranger les bâtons.
Estat ⇒ Pic
Sulho : 26h57 – 75km – 9249d+ - 40ème
Je rattrape Samson dans la descente vers le refuge du Pinet, où l’on
croise Mic31, organisateur du trail des Citadelles, venu
photographier les coureurs du marathon notamment. D’ailleurs un peu
plus bas, voilà les premiers qui déboulent, d’abord au goutte à
goutte, puis par paquet de 10-15, ce qui va bien ralentir notre
descente car notre bienséance nous force à leur laisser le passage.
Cela occupe néanmoins l’esprit, je reconnais Nuria Picas
notamment largement en tête chez les femmes, un peu avant d’arriver
au refuge du Pinet où un petit ravitaillement nous attend.
Sulho ⇒ Refuge
du Pinet: 28h46 – 79,6km – 9395d+ - 40ème
Samson
repart presque aussitôt vers l’Artigue mais je préfère m’asseoir
quelques minutes, je le rejoindrais à l’Artigue après une
descente facile par rapport au reste de la course.
Pinet ⇒
L’Artigue : 30h01 – 84,4 – 9427d+ - 39ème
Un
grand merci aux bénévoles de l’Artigue, au petit soin comme
jamais, je me pose ici quelques minutes encore, le temps de bien
manger et on repart ensemble avec Samson pour
l’ascension du Pic Rouge de Bassiès (1400d+, deuxième gros
morceau avec le col du Riufret)
Le
début de la montée au pic Rouge de Bassiès qui est plutôt blanc
s’effectue sur un large sentier qui ne monte pas trop, ça permet
de récupérer ou se préparer au pire, puis le sentier au bout de
presque deux kilomètres part sur la droite et devient beaucoup plus
étroit, en devers, franchement pas agréable. Enfin, on quitte la
végétation pour zigzaguer entre de grosses dalles et des passages
herbeux. C’est raide, il faut beaucoup monter les genoux, un
coureur nous rattrape pendant une petite pause, on continue à trois,
puis je fais une mini hypo et les laisse partir devant, 200m sous le
sommet. Heureusement mes forces reviennent vite et je les rejoins au
pic, 3h45 après avoir quitter le ravitaillement 6,5km
avant.
Faut
désormais rejoindre le refuge de Bassiès, ce qui me prendra deux
heures pour 1000d- environ car ça traîne pour descendre
franchement, et les sentiers sont techniques comme toujours, je lâche
mes deux acolytes du moment car j’ai envie de terminer cette course
au plus vite, au diable les douleurs plantaires…
On
finit par apercevoir le refuge au fin fond d’un vallon et je manque
cruellement de patience à cet instant, ça m’agace de le voir si
loin, je me sens énervé comme un parisien au volant.
Heureusement,
il règne une atmosphère de quiétude dans ce refuge et c’est un
jeune garçon qui m’accueille en criant : « Heyyyyy!!!!
on a un client !!!!! » Le client apparemment, c’est moi.
Le
garçon m’accompagne jusqu’au refuge en me questionnant :
« tu aimes les chips ?, tu aimes les compotes ? Tu
aimes le jambon ? » « j’aime tout et j’ai
faim ! »
Je
me pose à la table du ravitaillement et me goinfre joyeusement en
discutant de la fin de parcours avec un bénévole bien informé du
tracé, en gros 300d+, un replat, un dernier coup de cul et ça
déroule jusqu’à l’arrivée.
Je
note ça dans ma tête et repars lorsque Samson arrive en lui
disant : « normalement les 40h sont jouables » mais
il paraît perplexe.
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Etangs des Lavants en descendant du Pic Rouge de Bassiès |
L’Artigue ⇒
Refuge de Bassiès : 36h17 – 97,2km – 11 026d+ - 35ème
Et oui c’était jouable, largement, je fais la montée à fond puis
je marche vite jusqu’au dernier coup de cul, et trottine jusqu’au
port de Saleix.
Un bénévole me prévient : « attention il y a un passage
très raide puis c’est bon »
« Ok ok, mais vu ce qu’on a traversé, ça va aller merci »
Merde il avait raison, un passage raide dans une herbe poussiéreuse
m’a surpris et je suis parti sur les fesses… Dommage j’aurai pu
arrivé à peu près propre c’est fichu. Ensuite ça déroule à
peu près, je fais plusieurs kilomètres autour de 9min au kilomètre,
une fusée quoi.
Tellement fusée que je tape dans une racine et m’étale sur le
ventre cette fois, hé oh on se calme là, pouce !
Je finis par voir Auzat, et même le stade d’arrivée sur la droite
en contrebas, la descente n’est pas raide mais parfois
caillouteuse, mes derniers calculs me confirment que même les 39h
sont jouables, je commence à sourire bêtement même si j’en ai
marre et que je souffre quand soudain une sensation étrange et
nostalgique me traverse : mes pieds foulent du goudron !
C’est la fin !
Refuge de Bassiès
⇒ Auzat arrivée : 38h57 – 108,9km – 11 445d+ - 35ème