dimanche 12 mai 2024

GR 400 de l'Ascension 2024

Avant

 Au sortir d'un hiver sportif mais sans randonnée, le célèbre pont de l'Ascension se prêtait parfaitement à une première balade printanière.  Assez vite le GR400 m'a attiré par ces multiples avantages : départ accessible en train facilement depuis l'ile de France, juste assez long pour m'occuper 3-4 jours, juste assez montagneux pour offrir de beaux paysages et un peu de technicité (du moins d'après ce que j'en ai vu et entendu). Bref, je réserve le train au mois de mars et il ne reste déjà que peu de possibilités horaires : j'arrive à Murat -apparemment départ et arrivée "classique" du GR- le mercredi 8 mai vers 20h30 et j'en repart le samedi 11 mai à 17h30. 

Mon étude du tracé s'est borné à une recherche sur VisuGPX, puis une découpe grossière en 4 parties prévisionnelles en partant par le sud et repérant des zones possibles de bivouac :

- Mercredi soir : environ 5km jusqu'à l)a tombée de la nuit pour planter la tente près d'une carrière avant le col de la Molède.

- Jeudi : une cinquantaine de km pour arriver près du refuge de Cabrespine.

- Vendredi : encore une cinquantaine de km pour bivouaquer sous le puy Mary entre le col de Serre et le col d'Eylac

- Samedi : environ 25 k pour revenir à Murat avant 17h.

Ca fait 2 grosses journées jeudi et vendredi mais au vu de la trace, je me dis qu'il y a facilement moyen de raccourcir selon mes humeurs, ma forme ou autre et que j'aviserai en chemin.

A l'approche du 8 mai, je scrute régulièrement la météo qui reste plutôt calamiteuse dans le secteur. Mais miracle, le beau temps semble de retour pour mes 4 jours de randonnées, avec une dernière pluie le mardi 7 et son retour le dimanche, ce quoi se confirmera. Les températures remontent également et ne devraient pas descendre sous les 5 degrés la nuit. C'est-y pas beau tout ça ?

On prépare le sac, avec 3 nouveautés pour moi cette année : un matelas plus large car j'en avais marre d'être réveillé par la sensation de tomber pendant la nuit (+110gr ouch), une mini pompe électrique pour le nouveau matelas qui du coup est bien plus long à gonfler que l'ancien (+40g aïe), une nouvelle lampe frontale qui partagera la batterie de la pompe (-10g). 

La liste est ici et le sac contient suffisamment de nourriture pour ne pas avoir à me ravitailler en chemin jusqu'au samedi après-midi.

Pendant

J0 Arrivé sans encombre à Murat à l'heure prévue, je trouve très vite les premières traces du GR qui part vers le sud, direction le hameau de Bredons et l'église Saint-Pierre en rénovation par une petite montée sur un sentier boueux. S'en suit 3km faciles pour croiser une petite route avant une bonne montée sous la forêt. Je me force à aller assez vite pour trouver où dormir avant la tombée de la nuit et je transpire beaucoup dans l'effort. Un peu avant 21h30, je trouve juste assez de plat au bord du chemin pour m'y installer, parfait.


J1 J'ouvre les yeux vers 6h10 après une nuit très bof, entrecoupée de 50 réveils, d'un peu de froid malgré les chaussettes, pantalon, t-shirt manche longue, coupe-vent, bonnet. Le temps de me motiver à sortir du quilt, de m'habiller, de démonter le bordel et ranger à peu près correctement le sac, il est 7h quand je lève définitivement le camp. J'ai eu la flemme de me faire un café, un snickers suffira. La journée commence tranquillement avec 12km faciles sur des chemins/pistes larges. Au col de la Molède quelques tentes et fourgons finissent leurs nuits, et à celui de Prat de Bouc, sous le plomb du Cantal, où j'arrive à l'ouverture du bar-restaurant, je me fais servir un café, une part généreuse de Pachade aux myrtilles et une tablette de chocolat aux amandes, de 300gr, tellement superflue. Comme son prix.

S'en suit 3,5km et environ 500m de D+ pour atteindre le sommet du plomb du Cantal, la vue n'y est pas dégueulasse puisqu'on toise une mer de nuage à l'est et l'on peut admirer la crête qu'il faudra suivre ensuite au sud-ouest.





Le début de la descente, sur la crête extrêmement venteuse, est agréable. C'est minéral et technique, la vue est magnifique, mais c'est assez court. 


On pense en effet rapidement d'une crête tranchante à un plateau bedonnant, sur un chemin large peu caillouteux propice à dérouler la foulée. Les randonneurs, exclusivement en sens opposé, commencent à affluer gentiment. 


  A proximité du buron de la Tullière, le chemin bifurque à droite et devient plus raide, je me retrouve très vite en sous bois pour 7km de descente vers Thiézac. C'est là que l'on traverse la porte au Lion, arche improbable au milieu du chemin :
On arrive assez vite à Thiézac, son camping, sa superette, son bar et ses deux tables de pique-nique en sortie de village, dont une m'accueillera pour le déjeuner.  Après 30km parcourus, une pause aération des pieds est bienvenue, surtout que le vent est bien tombé, laissant place à une chaleur lourde dont je n'ai pas encore l'habitude cette année. 
Je repars sur un chemin de croix montant jusqu'à la chapelle Notre Dame de Consolation, puis la grotte des Ermites.

Ca continue de monter assez raide sur 200D+ environ, pour rejoindre une petite route que l'on suit sur presque 2km avant de retrouver le sentier montant toujours jusqu'au puy de la Poche. Comme je reste sur le GR400, je "rate" le petit sommet l'Elancèze, mais tant pis, il est temps de redescendre, longuement vers le col du Pertus, puis Mandailles. En descendant on voit bien les crêtes qu'il faudra traverser le lendemain ou surlendemain via notamment la brèche de Roland. Mais sur le moment j'ai un peu de mal à m'imaginer le chemin restant et je n'ai vraiment pas le tracé en tête.



Le village de Mandailles est très animé mais je ne m'y attarde pas. Je file, vers St-Julien-de-Jordanne d'abord, puis le refuge de Cabrespine ou du moins ces alentours pour trouver un lieu de bivouac. De St-Julien-de-Jordanne à Cabrespine, il y a environ 400m de dénivelé sur 8km, ce n'est pas difficile mais ça m'a paru interminable car le chemin tournicote sans cesse dans la forêt et fait un détour monstrueux. 
Lorsqu'on quitte la forêt vers 1300m, on aperçoit le parking bien rempli du col de l'Egal, et on rejoint vite une piste fréquentée par beaucoup de promeneurs, familles, chiens, qui ont l'air de faire l'aller-retour entre le parking et les petites falaises de Cabrespine. 
A ce moment là j'en ai marre et je me dis que le premier terrain plat un peu à l'écart du chemin me conviendra pour la nuit, mais il n'y a rien d'intéressant avant le petit col sous le refuge. Quelques tentes occupent déjà les meilleurs coins. Je tergiverse un peu et finis par trouver un coin satisfaisant en contrebas vers le nord du col, avec un petit ruisseau pas loin et une vue pas dégueu. 
Il est à peine plus de 18h, mais avec 53km et presque 2700+ sur ma montre, j'ai eu ma dose pour la journée. 
Donc montage de la tente, trempage des pieds, petite toilette et repas dès 19h pour profiter d'un long coucher de soleil avant une nuit frisquette, comme d'habitude entrecoupée de multiples réveils. 





J2 J'essaie d'être plus efficace ce matin pour le décampage. Le résultat est mitigé mais je démarre quand même à 7h18 et direction plein est avec le soleil dans la tronche. On grimpe tout de suite, la progression est bien lente jusqu'au puy Chavaroche à 1739m mais l'ambiance du matin et la beauté des paysages aident bien.


Au col de Redondet, on peut bifurquer à l'Est vers le Puy Mary tout proche, mais ma trace me fait continuer sur la crête. Après le roc d'Hozières, le GR descend vers l'Ouest vers le Fau mais je vois qu'un chemin qui a l'air bien sympa continue au nord en restant en hauteur. Pour la première fois je consulte un peu plus précisément la carte et je constate qu'en restant sur les crêtes, d'une il y a un chemin, et de deux on rejoint le GR sous le Puy Violent ce qui évite une descente/remontée promettant d'être rébarbative. Je n'hésite pas et continue sur la crête, le soleil brille, ça roule tout seul, la brèche d'Enfloquet est jolie, le soleil brille encore.
 En retrouvant le GR400 avant le Puy Violent , quelques randonneurs et traileurs apparaissent mais c'est pas la grande foule. On rejoint une large piste monotone qui descend doucement dans la forêt, jusqu'à rejoindre un petit parking et rejoindre un sentier plus agréable ensuite.
Finalement, j'arrive assez vite au Falgoux vers 900m d'altitude où j'ai prévu de manger avant de repartir sur les "hauteurs". Petite pause à l'ombre car il fait sacrément chaud et je traîne. Comme souvent en quittant les villages, les chemins montent sec sur quelques centaines de mètres, puis se radoucissent en approchant des crêtes et sortant de la forêt.

On aperçoit le massif du Sancy plein nord. Le GR poursuit lui au sud. Une fois encore, il quitte les crètes pour redescendre vers la civilisation, à savoir vers le bled du Claux. Mais je n'ai rien à faire au Claux, et ça fait un énorme détour pour remonter vers le Puy Mary, beaucoup plus directement accessible en restant sur les hauteurs. Je fonce donc vers le Puy Mary, plein sud, en passant par le sympathique Puy de la Tourte, assez fréquenté en ce milieu d'après-midi. 
Au Pas de Peyrol, où le sentier croise la route, il y a un parking, un bar restaurant et plein de monde. Je dois patienter 15 minutes pour avoir une part de Pachade. Le temps de la dégustation je consulte la carte : j'avais prévu de camper non loin, un peu plus bas vers le buron d'Eylac voire le col de Serre mais je les ai évités en raccourcissant, et il est beaucoup trop tôt pour m'arrêter. D'après la carte, le col de Cabre ou de Rombière, à 4 ou 5km du Pas de Peyrol pourraient se prêter au bivouac, je décide donc d'en faire ma nouvelle destination du jour. Seul hic, il va falloir passer un Puy Mary bondé (de monde), alors que j'avais prévu de le monter tranquillement au réveil. 
Il n'est pas loin de 17h, je prends mon courage à deux mains, et je commence à grimper/zigzaguer les marches jusqu'au sommet. 

Je ne m'y attarde pas, de l'autre côté, la descente est beaucoup plus calme et le sentier magnifique.

J'arrive vite à la brèche de Roland, les premières tentes sont en train d'être montées sur les quelques spots intéressants. Avant le col de Cabre, quelques ruisseaux permettent de faire le plein d'eau au maximum en prévision du bivouac, j'en profite pour rincer mon tee-shirt. 
Arrivé au col de Cabre donc, il y a quelques tentes, et une groupe qui semble chercher l'emplacement idéal. Ca fait trop de monde à mon goût, je continue et c'est après le col de Rombière, au sommet des pistes de ski du Lioran, que je trouverai mon plaisir. 42km et 2200d+ pour cette journée, où j'ai avancé beaucoup moins vite, et avec des pauses bien plus longues que la veille.


J3 La nuit fut calme, moins fraiche que les précédentes, et comme je ne suis pas du tout pressé, je décide d'attendre que le soleil tape la tente pour sortir du duvet. Résultat, je lève le camp à 8h25, de nouveau sans petit déjeuner. Je rejoins le GR où il y a pas mal de monde dont beaucoup de traileurs qui font des boucles depuis le Lioran, via le Bec de l'Aigle et le téton de Vénus. 




Au bout de 5km, après un passage à gué, un grand panneau à une intersection indique le GR descendant vers le village de Laveissière, il y a des informations sur le panneau mais je n'y prête pas attention. Je consulte ma trace GPS qui a l'air de me faire rester sur les crêtes, ça file direct vers Murat. Je continue donc sur le chemin indiqué par ma trace. 700m plus loin, je tombe sur des panneaux sens interdits...

Propriété privée, chasse en cour, faites demi tour blablabla... Zut, j'hésite mais je rebrousse tout de même chemin, et sur le panneau à l'intersection précédente, je lis que le GR a été détourné pour éviter des propriétés privées. Faudra faire avec.
Le retour à Murat s'en trouve un peu moins agréable, excepté une petite cascade. Je perds les marques du GR à Laveissière et décide le retrouver après le Meynial, en coupant par un PR et un peu de route. 

Finalement, c'est après 17km, vers midi, que j'atteins Murat, ce qui me laisse le temps de déjeuner tranquillement et faire une petite toilette avant de reprendre un train à 14h, 3h plus tôt que celui réservé. 


APRES
Ravi  


 






jeudi 25 août 2022

De Ports à Piques

 Dès la 1ere édition, cette PicaPica est son ratio distance d+ infernal m’a donné envie. Mais je ne me sentais pas forcément près et la création de la PicAriège de 40km de moins aurait pu être ma course de l’été 2022. C’était sass compter sur Chris pour qui ce serait la PicaPica ou rien : je n’allais quand même pas le laisser profiter seul de la tendre caillasse ariègeoise.

Bref, dès janvier me voilà inscrit, j’achète même dans la foulée une doudoune très légère et compréssible qui manquait dans ma panoplie pour répondre aux matériels obligatoires.

En revanche le début de la préparation se fera attendre : une moyenne de 2 sorties CAP par semaine, pas beaucoup de dénivelé, un peu de vélo mais sans plus, ce qui ne m’empêchera pas fin mai de faire un beau GR73 dans les Bauges, qui m’aura rassuré un peu sur mon état général.

Mi-juillet je fais une première excursion de 5jours à Auzat avec le sac de randonnée pour reconnaître une partie du parcours en bivouac. Excellente idée à recommander pour ce genre de course, le poids du sac oblige à avoir une vitesse proche de celle qu’on aura en course et la lenteur préserve les articulations, et on peut mieux profiter des paysages qu’en course où l’on regarde beaucoup ses pieds…

J’aurai reconnu tout le parcours sauf la montée du Riufret, celle du pic rouge de Bassiès et la descente finale derrière. Bonne idée également de ne pas avoir repérer ces deux difficultés pour ne pas en être dégoûté d’avance.

Une autre semaine dans les Alpes et quelques sorties dans les Pyrénées Orientales viendront compléter ma préparation clôturée par le championnat du Canigou 2 semaines avant la course (34km 2200d+ avec une interminable descente de 2200d- qui m’aura détruit les quadris pour 3 jours). Désormais, si je suis prêt tant mieux, sinon…

Arrivé le lundi 15 août à Goulier, camp de base de l’expédition, j’aurais profité du calme du village pour rester allongé 21h/24, le reste du temps je me baladais peinardement sur les jolis sentiers à proximité ou faisais et refaisais mes sacs de course et d’allégement en me posant les cruciales questions : quelles chaussettes ? Où ranger la frontale ? Prends-je ce coupe-vent ? Combien de compotes ? Où est la Rozana ?



Vendredi 19 août 2022 5h

Il fait une température parfaite à Auzat ce matin-là, le ciel est nuageux, le départ donné, la première montée jusqu’à la Pique d’Endron se fait dans un calme froid, j’ai du enfilé mes moufles imperméables car l’humidité matinale me glace le bout des doigts, on avance à la queue leu leu et je suis avec Chris à l’Endron un peu plus vite que prévu (j’ai un pseudo roadbook en 40h fait sur l’application Liverun)


L'Endron en juillet

Auzat ⇒ Pic d’Endron : 2h36 - 10,4km - 1715d+ - 129ème

Derrière la pique d’Endron, une descente raide mais pas trop difficile nous permet de rejoindre le ravitaillement du refuge d’Izourt, près du lac et barrage du même nom. On arrive ensemble avec Chris, et on ne traîne pas au petit ravitaillement (je remplis tout de même un sachet de quelques morceaux de saucissons et fromage et un gobelet de coca). Je suis parti avec une flasque de 75cl de sirop de menthe et l’autre d’eau avec un comprimé d’électrolyte, j’ai bu toute la menthe et décide de passer à un mélange st-Yorre / eau parce que je fais ce que je veux. Après Izourt, ça monte irrégulièrement jusqu’à un étang qui marquera la séparation des parcours de la Picariège et Picapica (la picariège file direct vers le refuge Fourcat alors que nous allons faire un crochet en Andorre). C’est dans cette portion que je distance peu à peu Chris que je ne reverrais plus.

Lac d'Izourt en Août

Lac d'Izourt en Août



Montée vers Petsiguer


Pic d’Endron ⇒ étangs de Petsiguer : 5h05 – 19,4km - 2452d+ - 100ème

Du pointage de Petsiguer, on continue de monter jusqu’au port de Albeille, à la frontière Andorrane et le temps passe très vite car ce n’est pas « très » technique, que les nuages ont disparu, que je me rappelle de ce passage pendant ma randonnée. A partir de là les écarts commencent à être importants entre coureurs, en gros on est espacé de 50-100m à chaque fois. Petite descente raide mais courable sous le port de l’Albeille pour remonter aussi sec en France au col de Tristagne, je double deux trois coureurs par ci par là et la descente dans les éboulis vers le refuge Fourcat passe crème.

Il faut faire un aller-retour au refuge pour le ravitaillement donc on croise les coureurs précédents sur 300mètres, mais aussi ceux de la PicAriège.

Une fois de plus, je ne traîne pas au ravitaillement : grand verre de coca – mélange St-Yorre/eau, des chips et ça repart.


Port de l'Albeille, ça pilque

Port de Tristagne, vu côté Andorran

Port de Tristagne, vu côté français - Etang Fourcat

Petsiguer ⇒ refuge de l’étang Fourcat : 6h39 – 25,8km - 3118d+ - 88ème

Ca repart pour la montée au pic de Malcaras et on croise donc d’abord les coureurs qui vont vers le refuge Fourcat, je guette Chris mais ne le vois pas, je me demande ce qu’il fout car il est censé être plus rapide que moi.

La montée au Malcaras, bien que courte, est raide mais on est nombreux du fait des Picariègeois qui vont comme nous à Soulcem. Il n’y a que 400m d+ pour atteindre le sommet, mais ensuite 1200d- pour arriver à la base vie de Soulcem. Bon c’est pas du faux plat descendant, plutôt entre 30 % et 40 % sur 3km, autant dire qu’il faut bien avoir serrer ses lacets pour éviter de compoter ses orteils.

Enfin ça passe bien même si la fin derrière un groupe que l’étroitesse du sentier m’empêche de doubler est un peu barbante.


Refuge ⇒ Soulcem 1 base vie : 8h16 – 31,7km – 3518d+ - 69ème

A la base vie, je mange une soupe un peu trop épaisse à mon goût et tout un tas de trucs pendant que mes pieds prennent le frais et se renokent (je les aide). J’ai mangé 2 compotes, un gel, une barre de céréale et un snickers sur ces 8 premières heures de course, en plus du grignotage sur ravito.

Au bout de 20min de pause ce qui est raisonnable, je repars avec le plein d’eau/St-Yorre dans une flasque, et de pulco surdosé dans l’autre (beurk).

En sortant de la base vie, les 2 parcours se séparent de nouveau et je me retrouve seul sur les quelques kilomètres faciles avant d’attaquer la montée vers les étangs de Caraussans et l’Andorre.

Lors de ma randonnée, j’avais complètement explosé dans cette montée / ce mur, alors je stresse un peu et j’essaie de me trouver un rythme soutenable sans trop d’effort. Je fais d’incessant calcul de vitesse ascensionnelle sur cette portion, et il semblerait que je tienne un 600-650md+ ce qui pour moi est excellent. Au sommet de cette rude montée, après avoir longé un des lacs où j’avais bivouaqué un mois plus tôt, on arrive dans un autre monde : celui des remontées mécaniques et du mirador d’Arcalis, ça fait bizarre de voir des touristes arrivés là-haut en sandalettes, mais à vrai dire c’est comme une parenthèse moelleuse au milieu de ce parcours sauvage.

Je fais le tour du mirador tranquillement, puis entame la descente roulante jusqu’au ravitaillement d’Arcalis, tenu entre autre par l’ancienne organisatrice de la Ronda del Cims.

vallon de Soulcem

Port de l'Albeille et de Tristagne de part et d'autre du pic Tristagne
vus depuis le mirador d'Arcalis


Soulcem ⇒ Arcalis : 10h55 – 39,3km – 4590d+ - 59ème

Ce ravitaillement est différent des autres, comme sur la Ronda, il est composé d’un petit buffet de crudités et fruits plutôt alléchant, Sauf que je n’ai pas envie de traîner, alors je me fais une petite assisette de pâtes froides, pastèques et melon, remplis les flasques de je ne sais plus trop quoi, et file sur le chemin de la Coma ou du col d’Arcalis qui commence tranquillement en longeant parfois des pistes, ce qui permet de digérer tout en profitant du réseau 4g andorran pour passer un petit coup de fil à madame.

Pour moi, c’est la partie la plus facile de la course (et siit une partie des sentiers de la Ronda), depuis Arcalis ça fait quelque chose comme 400d+ jusqu’au col, 300d- jusqu’aux étangs de l’Angonella, 400d+ jusqu’au pic de les fonts avec un petit passage technique en crête, et 250d- pour atteindre la cabane de Montmantell, le tout sur des sentiers plutôt « faciles » comparés au reste de la course. Franchement rien à signaler sur cette jolie portion faite seul avec 3-4 gars à 200 ou 300 mètres derrière et deux gars en vue de temps en temps au loin devant...Une simple pause avant le passage en crête pour bouffer une compote ou barre mais sinon le rythme était régulier. Les places gagnées sont donc à mettre au crédit de ma pause rapide au ravitaillement d’Arcalis.



Arcalis ⇒ Cabane de Montmantell : 13h19 – 47km – 5510d+ - 53ème

De la cabane de Montmantell, il faut revenir en France en montant 200d+ environ au port d’Arinsal, autant dire que ça passe vite, on longe deux superbes lacs encaissés, et le col est étroit, c’est de toute beauté !

La descente derrière de presque 900d- jusqu’à la cabane de Crouts est moins rigolote sur sa première partie, mais je rattrape un gars, prénommé Samson, avec qui je ferai une grosse partie du reste de la course, parfois devant, parfois derrière, parfois ensemble. L’air de rien, en discutant un peu, le temps passe plus vite, mais on est aussi plus souvent distrait ce qui nous fait rater deux-trois fanions, sans conséquence autre que quelques secondes perdues.


Etangs de Montmantell sous le port d'Arinsal
Descente du port d'Arinsal


Montmantell ⇒ Cabane de Crouts : 14h47 – 52,2km – 5808d+ - 52ème

Le ravitaillement de la Crouts est sommaire : deux tentes en haut du vallon de Soulcem. Je m’y assois sur un tabouret pliable est pour la première fois de la course, je me sens fatigué. J’ai même un peu de mal à manger et me demande si ma ceinture ventrale ne me serre pas un peu trop. Je me force tout de même à grignoter ce qui traîne, et remplis une flasque d’un mélange eau-coca-st-yorre à la con avant de me forcer à repartir pour m’arrêter 150m plus loin car je décide de me préparer à la nuit en profitant d’un beau rocher pour poser le sac : je range ma casquette et mes lunettes de soleil pour les remplacer sur la tête par la frontale, ce qui me prend environ 3heures…

Je constate que je ne suis pas le seul manchot à perdre du temps avec mes affaires puisque Samson s’arrête également pour enlever la veste qu’il avait mise au sortir du ravitaillement, et un autre coureur, Thomas, avec qui je ferai une partie de la montée jusqu’au Pic de la Soucarrane met ses belles manchettes Andorra Ultra trail. Mise à part cette petite pause, la montée jusqu’au port de Bouët se passe sans encombre, quelques randonneurs ont posé leurs tentes au lac de la Soucarrane, ils y passeront une nuit éclairée par les frontales des coureurs qui défileront toute la nuit. Thomas est bavard mais un peu trop rapide pour moi, il s’éloigne inexorablement lorsqu’on atteint les pentes plus techniques de la crête menant au pic de la Soucarrane et que j’allume la frontale. Il y a 400m de dénivelé à effectuer sur la crête, c’est raide et technique, je me cogne une fois le crâne sur un rocher en passant une marche un peu haute, je cherche parfois le prochain fanion, j’en ai vite marre de cette crête de merde…En arrivant au sommet, des bénévoles nous accueillent : « alors ?? on est pas bien là-haut !! » « »si si mais faut que je redescende moi, je monte, je descends, je remonte, je redescends, un éternellement recommencement » Enfin c’est vrai qu’on est bien, il fait doux et on aperçoit les frontales clairsemées derrière nous le parcours quasiment depuis le port d’Arinsal.

Port de Bouët

Crête du pic de la Soucarrane (juillet)

Crête de la Soucarrane, Etang de la Soucarrane (juillet)


Crouts ⇒ Pic de la Soucarrane : 16h59 – 57km – 6836d+ - 48ème

Le début de la descente du pic de la Soucarrane est raide mais ça roule à peu près, c’est à partir du port de Roumazet 300d- plus bas que ça se gâte puisque le sentier disparaît sous les cailloux pendant quelques 300d- encore, c’est usant et je rattrape une coureuse belge qui montait très bien mais semble en avoir ras la casquette des descentes (elle abandonnera à Soulcem). Vers 2250m, ça devient un peu plus roulant, même qu’il y a un passage plat dans de l’herbe qui me fait sauter de joie. Puis une bénévole sortie de nulle part interpelle : « Attention, il y a des marches glissantes plus loin ! » Là je me dis que pour qu’un bénévole nous prévienne de la difficulté., doit y avoir une vacherie quelque part… Ben non, en fait j’ai pas vu de différence avec le reste de la course, au contraire, bizarre ce coup là.

Bon on finit la première partie de la descente à l’étang de Roumazet, et on pourrait continuer tranquillement de descendre jusqu’à Soulcem sauf que ça serait trop facile. Donc ça remonte sur 300+ pour aller chercher les étangs de la Gardelle (d’aucun affirme que ce sont les plus beaux lacs des Pyrénées, c’est exagéré…). Sur cette remontée, je suis pris de haut-le-cœur, faut dire que mon ventre me faisait un peu souffrir depuis le dernier ravitaillement. Obligé de m’arrêter quelques instants, plusieurs coureurs me doublent aussitôt alors que je ne voyais aucune frontale derrière. Je vomis un peu et ça fait du bien, les petites douleurs abdominales ont instantanément disparu.

On finit par arriver au petit col avant les étangs, il ne reste plus qu’à descendre 800d- tout de même et c’est looooooong… Impossible d’avoir un rythme correct et Samson me redouble à ce moment, il me dit de m’accrocher mais j’ai un peu perdu la foi en mes « qualités » de descendeur et je manque de me péter la gueule plusieurs fois, bref il file.

Dans cette descente bien technique je manque de lucidité, je n’arrive pas à comprendre que les lumières tout en bas viennent de voitures sur la route qui monte à Soulcem et je pleure intérieurement en pensant que ce sont des coureurs et que c’est trop loin et bam… un rocher dans le genou, une cheville qui vrille un peu, une semelle qui glisse, un bâton qui dérape.

un des étangs de la Gardelle (juillet) 


Soucarrane ⇒ Soulcem 2 base vie : 20h02 – 65,6km – 7365d+ - 57ème

J’arrive à Soulcem pour la seconde fois samedi matin à 1H. Juste avant la tente, le camion du vendeur de Burger me demande si j’en veux un (gratuit pour les coureurs), of course que j’en veux ! On me l’apporte dans la tente et il est délicieux !!

Ici je me change entièrement, je renoke les pieds (la plante commence à être très douloureuse), bois une demi orangina, mange beaucoup de jambon de pays, deux sandwichs au pâté, des pastèques, du chocolat, je crois que j’ai tout goûté en fait...Et je tente une sieste dans une tente prévue à cet effet un peu plus loin, sauf que j’ai la flemme de mettre un vêtement plus chaud, mes boule quiès et de prendre un truc en guise d’oreiller donc forcément je passe 15min allongé mais impossible de trouver le sommeil. De toute façon c’est pas mon heure il est encore trop tôt, tant pis je repars en remplissant mes flasques de coca/eau et sirop de citron et en prenant un coupe-vent léger en plus car je crains le froid du petit matin sur les sommets.

1h de pause en tout et j’ai l’impression de m’être bien requinqué, et il faut ça pour la prochaine montée à la réputation sulfureuse : le col du Riufret 1300m plus haut.

Ma bonne impression fera long feu et si les 200 premiers mètres de dénivelé positif se passent bien, le reste de la montée sera un calvaire, entrecoupé de multiples pauses, de grimaces, d’insulte des organisateurs. C’était dur mais avec le recul, lorsque j’avançais ça allait et je ne me suis fait doublé que pendant mes arrêts. Chris ayant fait cette montée de jour me confirmera qu’il vaut peut-être mieux la passer de nuit, ça évite de se poser trop de questions !


A 2700m, soit 250m de d+ sous le col, un gars redescend : « bah qu’est-ce que tu fais ? » « je redescends, j’abandonne » « hein, mais il ne te reste rien, et la descente de l’autre côté et beaucoup plus facile pour abandonner » « non, je ne veux plus rien monter, je rentre à Soulcem »

Je ne comprends toujours pas sa décision…


Au bout de 4h30 environ, me voilà au col du Riufret et le sentiment de soulagement est énorme, dans ma tête c’est bon, je vais finir cette course.

En revanche ça caille sec ! Et il y a beaucoup de vent ici donc j’enfile mon coupe-vent, ma veste de pluie et les gants ( 10 minutes top chrono, la bénévole du col m’a même proposé de m’aider tellement je m’y prenais comme un manche avec le vent). Il reste un petit 100d+ jusqu’au Montcalm, tranquillement je les grimpe mais les haut-le-cœur me surprennent à nouveau : deuxième petit vomito qui soulage un peu moins que le premier.

Bippage au Montcalm, premier des quatre 3000 de l’épreuve, tous regroupés en 3km environ


Les 3 autres 3000 depuis le Montcalm (Juillet)

Soulcem ⇒ Pic Montcalm : 25h10 – 71,7km – 8879d+ - 43ème

De Montcalm on revient au col du Riufret, puis remonte vers le pic d’Estat et Verdaguer, ou les bénévoles sont blottis comme ils peuvent à l’abri du vent. Je n’avance pas très vite mais les quelques coureurs autour de moi sont encore plus lents, ce qui rassure.

Le soleil se lève petit à petit et on sent l’énergie monter avec lui, une nouvelle journée commence !


Montcalm ⇒ Pic d’Estat : 25h40 – 72,9km– 8985d+ - 41ème


Le Sulho c’est le petit 3000 bonus pour voir si on a bien suivi le jeu : 3km en 1h20 pour l’aller-retour avec une fin d’ascension compliquée où j’ai hésité à ranger les bâtons.


Estat ⇒ Pic Sulho : 26h57 – 75km – 9249d+ - 40ème


Je rattrape Samson dans la descente vers le refuge du Pinet, où l’on croise Mic31, organisateur du trail des Citadelles, venu photographier les coureurs du marathon notamment. D’ailleurs un peu plus bas, voilà les premiers qui déboulent, d’abord au goutte à goutte, puis par paquet de 10-15, ce qui va bien ralentir notre descente car notre bienséance nous force à leur laisser le passage. Cela occupe néanmoins l’esprit, je reconnais Nuria Picas notamment largement en tête chez les femmes, un peu avant d’arriver au refuge du Pinet où un petit ravitaillement nous attend.


Sulho ⇒ Refuge du Pinet: 28h46 – 79,6km – 9395d+ - 40ème


Samson repart presque aussitôt vers l’Artigue mais je préfère m’asseoir quelques minutes, je le rejoindrais à l’Artigue après une descente facile par rapport au reste de la course.


Pinet ⇒ L’Artigue : 30h01 – 84,4 – 9427d+ - 39ème

Un grand merci aux bénévoles de l’Artigue, au petit soin comme jamais, je me pose ici quelques minutes encore, le temps de bien manger et on repart ensemble avec Samson pour l’ascension du Pic Rouge de Bassiès (1400d+, deuxième gros morceau avec le col du Riufret)

Le début de la montée au pic Rouge de Bassiès qui est plutôt blanc s’effectue sur un large sentier qui ne monte pas trop, ça permet de récupérer ou se préparer au pire, puis le sentier au bout de presque deux kilomètres part sur la droite et devient beaucoup plus étroit, en devers, franchement pas agréable. Enfin, on quitte la végétation pour zigzaguer entre de grosses dalles et des passages herbeux. C’est raide, il faut beaucoup monter les genoux, un coureur nous rattrape pendant une petite pause, on continue à trois, puis je fais une mini hypo et les laisse partir devant, 200m sous le sommet. Heureusement mes forces reviennent vite et je les rejoins au pic, 3h45 après avoir quitter le ravitaillement 6,5km avant.


Faut désormais rejoindre le refuge de Bassiès, ce qui me prendra deux heures pour 1000d- environ car ça traîne pour descendre franchement, et les sentiers sont techniques comme toujours, je lâche mes deux acolytes du moment car j’ai envie de terminer cette course au plus vite, au diable les douleurs plantaires…

On finit par apercevoir le refuge au fin fond d’un vallon et je manque cruellement de patience à cet instant, ça m’agace de le voir si loin, je me sens énervé comme un parisien au volant.

Heureusement, il règne une atmosphère de quiétude dans ce refuge et c’est un jeune garçon qui m’accueille en criant :  « Heyyyyy!!!! on a un client !!!!! » Le client apparemment, c’est moi.

Le garçon m’accompagne jusqu’au refuge en me questionnant :  « tu aimes les chips ?, tu aimes les compotes ? Tu aimes le jambon ? » « j’aime tout et j’ai faim ! »


Je me pose à la table du ravitaillement et me goinfre joyeusement en discutant de la fin de parcours avec un bénévole bien informé du tracé, en gros 300d+, un replat, un dernier coup de cul et ça déroule jusqu’à l’arrivée.

Je note ça dans ma tête et repars lorsque Samson arrive en lui disant : « normalement les 40h sont jouables » mais il paraît perplexe.

Etangs des Lavants en descendant du Pic Rouge de Bassiès

L’Artigue ⇒ Refuge de Bassiès : 36h17 – 97,2km – 11 026d+ - 35ème


Et oui c’était jouable, largement, je fais la montée à fond puis je marche vite jusqu’au dernier coup de cul, et trottine jusqu’au port de Saleix.

Un bénévole me prévient : « attention il y a un passage très raide puis c’est bon »

« Ok ok, mais vu ce qu’on a traversé, ça va aller merci »


Merde il avait raison, un passage raide dans une herbe poussiéreuse m’a surpris et je suis parti sur les fesses… Dommage j’aurai pu arrivé à peu près propre c’est fichu. Ensuite ça déroule à peu près, je fais plusieurs kilomètres autour de 9min au kilomètre, une fusée quoi.

Tellement fusée que je tape dans une racine et m’étale sur le ventre cette fois, hé oh on se calme là, pouce !

Je finis par voir Auzat, et même le stade d’arrivée sur la droite en contrebas, la descente n’est pas raide mais parfois caillouteuse, mes derniers calculs me confirment que même les 39h sont jouables, je commence à sourire bêtement même si j’en ai marre et que je souffre quand soudain une sensation étrange et nostalgique me traverse : mes pieds foulent du goudron !

C’est la fin !

Refuge de Bassiès ⇒ Auzat arrivée : 38h57 – 108,9km – 11 445d+ - 35ème