Ce
week-end du 27 juin 2015, pendant que certains vacanciers profitaient
de sentiers roulants entre deux séances de spa dans un paradis
fiscal, que d'autres visitaient les states à la Western ou au
Lavaredo, que d'autres encore s’enquillaient les bières au 80 ou
marathon du Mont-Blanc et sans compter les Bretons qui s'en
enfilaient encore plus autour du Golfe du Morbihan, les vrais
traileurs du terroir eux, étaient dans le 08, à l'Ardennes Méga
Trail.
J'y
étais donc – on passera sur le fait que je ne participais qu'au
54km pour ne pas décrédibiliser mon niveau et mes capacités –
dès le vendredi soir 20h20, près en à découdre après avoir
franchi le premier obstacle non sans mal : l'A86 de Versailles et
l'A4 un vendredi soir de grogne des taxis.
Aux
Hautes-Rivières, village intime qui ne s'est toujours pas proclamé
capitale mondiale du trail (trop de modestie sans doute), je suis
accueilli par plusieurs banderoles figurant un singulier sanglier
traileur, des gamins-bénévoles en jaune et un terrain de camping
pour y planter ma tente.
Le
dossard récupéré, et ayant déjà mangé plusieurs sandwiches sur
la route, je me couche assez vite sous une chaleur moite, pour me
reposer un maximum avant le départ prévu à 5h.
Dès
3h15, mes voisins de tentée s'affairent et me réveillent, je ressens
déjà sous mon duvet l'effervescence particulière précédant la
plupart des trails. Je décide donc de ne pas attendre les 4h, de me
préparer et d'aller voir ce que donne le petit déjeuner offert :
comme au Citadelles, je déroge à mes habitudes
alimentaires du matin (café et biscuits petit déj') pour profiter
de 2 tartines de confiture, une tranche de jambon, du camembert et
une banane.
Dans le sas de
départ, les concurrents sont déjà agglutinés, il y a les
participants du 93km, du 54km, et les premiers du relais à 2 du
54km, soit environ 750 coureurs. Je me pose tranquillement en queue,
puisque je n'ai aucun autre objectif que de finir en bonne santé. Mais
c'est une erreur, les embouteillages sont incessants les 3 premiers
kilomètres sur des sentiers très étroits où il est quasiment
impossible de doubler. Autour de moi ça peste et ça râle
(z'auraient pu faire des sas..., z'auraient du décaler les
départs...), ou ça rigole (pour le podium c'est râpé, à ce
rythme on tient 150km, tant qu'on recule pas...).
Mon allure moyenne
sur ces 3 kilomètres est de 11min20/km pour une moyenne générale
sur toute la course de 8min40/km, on peut dire que c'est un départ
prudent.
Tellement prudent
que dès le 3ème kilomètre, je me dis que c'est vraiment trop lent
et je double dès que je le peux.
Les montées sont
étonnamment faciles, ça passe comme une lettre à la Poste (la
Poste d'il y a 15 ans, aujourd'hui la comparaison n'est plus
valable) et je relance avec envie. On est en pleine forêt, alternant
sans arrêt les montées et les descentes sur des sentiers étroits,
souvent en dévers, souvent encombrés de racines ou de petits
rochers, parfois très roulants mais les chemins sont très variés
et comme je me sens en forme, le temps passe vite et je prends du
plaisir. Il y a encore beaucoup de monde autour de moi, ça sera le
cas jusqu'au 25ème kilomètre environ et les écarts commenceront à
être plus importants avec la bifurcation au 34ème kilomètre pour
les coureurs du long.
Une des
particularités de la course est l'absence de ravitaillement solide,
il faut donc prévoir de quoi manger dans son sac, ce que j'ai fait
avec un manque total de discernement : de peur de manquer de
nourriture, j'avais prévu beaucoup trop et je n'ai finalement mangé
que 4 pâtes de fruit et une bouchée de nougat (en plus de ma
boisson énergétique).
Premier signe de civilisation Bogny-sur-Meuse |
Au 27ème km, tout
va bien, j'ai pris quelques photos, on arrive dans une ville pour la
première fois, et à la sortie du ravitaillement le parcours
traverse une usine toujours en activité.
C'est original et très
plaisant, comme quelques kilomètres plus loin le passage dans un
grand tunnel d'une centaine de mètres de long et à 500m de
l'arrivée, la traversée de la Sémoy avec de l'eau jusqu'aux
genoux.
Les côtes
relativement courtes mais très pentues s'enchaînent alors et je
passe mon temps à doubler énormément de concurrents ce qui est motivant - merci le départ en queue de peloton.
Seuls deux coureurs
m'ont dépassé à partir de la traversée de l'usine : un homme
et une femme, les 2 participants au relais donc ayant commencé la
course au 27ème km.
A partir du 40ème
kilomètre et plus de 5h30 de course, je courais parfois plusieurs
kilomètres sans voir d'autres coureurs, ce qui oblige à être très
attentif au balisage. J'ai souvent du stopper mon élan, hésitant
sur le chemin à prendre, obligé de chercher la rubalise ou le
marquage au sol. Malgré tout,
je me sentais
bien, rassuré sur ma préparation et je regrettais seulement d'avoir
laissé mon amoureuse et nos deux filles pour profiter de ce moment
seul.
Au dernier
ravitaillement, 7km avant l'arrivée, je demande à une bénévole
qui venait de noter mon numéro de dossard sur un papier si elle a
une idée du classement :
rocailleuse était cette côte |
« Ah oui
bien sûr 5, 10, 20 … 30ème ! »
Je suis sacrément
étonné sur le coup, il y a près de 300 inscrits et ça me motive
pour garder le rythme surtout que pendant que je remplis mes gourdes
un coureur arrive et repart aussitôt. Hors de question de quitter
les 30 premiers, alors je me relance tout de suite derrière
lui. Heureusement la suite du parcours après une petit côte me
convient parfaitement avec une grosse et longue descente très pentue
sur un tapis très mous entre les racines, toujours en sous-bois. Je
passe le coureur dès le début et je descends le plus vite possible
pour ne plus le revoir.
Ma montre indique
plus de 2500m de dénivelé positif, il reste moins de 5km et nous
sommes alors sur une crête avec parfois la vue sur le village d'arrivée,
je commence à fatiguer mais j'ai à chaque fois un(e) coureur(se) en
ligne de mire qui m'incite à ne pas ralentir, j'en double ainsi
quelques uns dont certains participent au relais. Après une dernière
descente, un bénévole annonce : « un petit bain dans
300m et l'arrivée dans 700 ! ». J'ai du mal à comprendre
ce que veux dire « un petit bain » et j'imagine qu'il
voulait dire qu'on aura le droit de prendre un bain après l'arrivée,
mais quelques mètres plus loin, le parcours s'arrête devant une
rivière, la Semoy.
dans le bon sens, c'est moi |
Cette traversée d'une centaine de mètres permet
de nettoyer les chaussures et les mollets, de rafraîchir les idées
et reste un très bon souvenir. L'arrivée est toute proche et une
fois n'est pas coutume je finis en me disant que j'aurais bien
continué un peu.
7h32 de course, 1ère féminine, aucun passage à vide, un parcours très plaisant dans un
environnement sauvage sur de beaux sentiers, je valide les bonnes
impressions lues un peu partout.
UTB - 3 semaines.
UTB - 3 semaines.