Août 2015, je termine le 85km de l'Echappée Belle en 25h, en ayant souffert dès le 30ème
km. Il est hors de question pour moi à ce moment d'envisager
l'Intégrale et ses 144km.
Janvier 2015, je
m'inscris à l'Intégrale.
Je ne sais toujours pas
ce qui m'a pris. Ou plutôt : la date et le lieu me conviennent,
puis ça m'agace d'entendre que les 65 premiers kilomètres sont les
plus beaux et les plus durs.
Pourtant mon « objectif »
de l'année reste de boucler l'Ultra Tour du Beaufortain, je ne pense
à l'Echappée que très vaguement, comme si je n’étais pas
réellement inscrit.
Puis vient l'été, un
UTB que je termine en assez bonne forme et avec la chance d'avoir
éviter les orages, je me dis que finalement, l'Echappée va arriver,
qu'elle marquera la fin des vacances et autant en profiter.
Une dernière grosse
semaine de montagne dans les Pyrénées mi-août, puis 15 jours de
récupération en Bretagne me permettent d'arriver en bonne forme la
veille de la course, même confiant mis à part une cheville toujours
un peu douloureuse depuis le début de l'été.
Je covoiture depuis les
Yvelines avec Christian et Pierre-Yves, deux ultras-traileurs
confirmés (PTL, Tor, Ronda et j'en passe) qui énumèrent leurs
exploits plus fous les uns que les autres. Ca calme un peu mes
ardeurs, et je m'imagine être le seul concurrent n'ayant jamais
dépassé les 100km, au milieu de 500 habitués des ultras. Pour
couronner le tout, je fais le trajet Aiguebelle-Vizille où je
dormirai la veille du départ avec Françoise et Xavier, qui sortent
de 300km à la Transpyrenea en juillet, enchaînent avec l'ultra
trail du Vercors ensuite, bref, que des fous furieux sur cette course
ou quoi ???????
Dormir à Vizille est une
bonne idée, qui permet un réveil à 5h au lieu de 2h30 pour ceux
qui prennent la navette à Aiguebelle.
Je quitte l’hôtel un
peu à la bourre et arrive sur l'aire de départ à 5h55, le temps de
déposer mon sac d'allégement sacrément plein, et c'est le départ,
pas le temps de stresser un seconde !
La stratégie est
simple : lentement tout le temps !!! sauf en descente mais
la première vraie descente n'arrivera qu'après la Croix de
Belledonne après le 30ème km. Du coup j'avance en me faisant
doubler régulièrement et le temps lui n'avance pas trop... je me
fais chier quoi !
Au refuge d'Arselle
3h05, 16,6km, 1481D+m, 377ème
Plein d'eau, mélange
eau-coca dans un bidon qui va dégazer pendant un bon moment, je me
gave comme d'habitude de tout ce que je trouve, et emporte deux
morceaux de bananes pour la route,
J'y retrouve Pierre-Yves
et Bruno, rencontré à Aiguebelle la veille, nous repartons
ensemble. Les deux sont très bavards ! A tel point que Bruno
nous laisse partir parce qu'il sent que le cardio monte trop en
parlant, puis c'est à mon tour de laisser Pierre-Yves s'échapper.
Le terrain devient de plus en plus technique, on commence à voir de
beaux lacs, et il ne fait pas encore chaud donc tout va bien et je
commence à prendre du plaisir. Quelques rapides pauses photos
scandent mon périple qui s'annonce des plus agréables.
Lac Achard |
Derrière le col de la Botte |
Lacs Robert |
Lac Claret sous le refuge de la Pra |
Refuge de la Pra 6h03,
28,1km, 2381D+, 319ème
20 minutes de pause ici,
le temps de déjeuner tranquillement puisqu'il est midi. Je me crème
les pieds car je sens qu'ils s'échauffent dangereusement, et je
regrette d'avoir choisi des chaussettes neuves pour ce début de
course, alors que d'habitude elles ont au moins un lavage.
Pierre-Yves me propose de repartir ensemble mais j'ai encore quelques
minutes à passer ici pour remplir mes bidons. J'essaie d'y mettre
des pastilles d'Isostar que je croie effervescentes. Ben en fait non,
elles restent bêtement au fond du bidon, limite en me narguant et
surtout en ne faisant aucune bubulle d'effervescence ?!! bah
merde, ça se croque alors ??? J'avais pris ça au dernier
moment dans le but de varier un peu avec mes boissons ISO+ de chez
Décathlon... bref, j'en croque une et ça ressemble à une vulgaire
vitamine C, très moyen mais je ne m'en offusque pas et repart sur
le même rythme qu'en arrivant... Heureusement j'ai pas le bidon
fragile, ça reste un bon point.
lacs du Doménon |
Le prochain objectif est
simple : la croix de Belledonne 5km et 900mD+ plus loin, sommet
du parcours. Je l'atteins avec la patate. Robin G, déjà croisé à
l'écotrail de Paris, Christian et Pierre-Yves y sont déjà,
profitant de la vue avant d'entamer la redescente.
Je prends une petite
vidéo 360 trop rapide, quelques photos floues ou avec mon doigt sur
l'objectif, deux selfies grimaçants.
Vers la croix de Belledonne |
Sommet du parcours |
Donc là ça descend
grosso merdo jusqu'au refuge Jean Collet, avec une petite remontée
par le col Freydane, Belle partie où je me lâche, enfin ! Je
rattrape Pierre-Yves qui descend à peu près comme moi, puis Robin,
puis plein d'autres en me laissant aller, mais sans prendre de
risque.
Lac blanc |
La plupart du temps, les coureurs devant se rangent
agréablement sur le côté lorsqu'ils m'entendent arriver, et j'en
fais de même en me faisant doubler, une courtoisie bienvenue qui
permet de prendre encore plus de plaisir. A l'approche de Jean
Collet, « Jam » et « Nico2000 » me
rattrappent, je ne les connais pas mais leurs attributs kikouresques
m'obligent à les interpeller, c'est l'usage. Jam en profite pour
faire une sympathique chute sans gravité, de celle qui font
simplement sourire mais n'effraie pas. Enfin au moins ça court, et
Jean Collet s'approche.
Jean Collet 9h38,
39,2km, 3238D+, 286ème
J'aime bien cet endroit,
en plus ça capte ! Un petit coup de fil à ma femme tout en
profitant d'une soupe et d'un sandwich fromage saucisson un peu à
l'écart me requinque. Un hélicoptère vient déposer un secouriste
près du refuge, je le regarde comme un enfant, je remange encore et
je retrouve Pierre-Yves qui m'avait suivi à quelques dizaines de
mètres depuis la croix de Belledonne, du coup nous repartons
ensemble pour affronter le col de la mine de fer. J'imprime un rythme
sans doute trop soutenue au départ et Pierre-Yves me dit que je vais
un peu trop vite pour lui, je ralentis un peu mais je finis par le
lâcher petit à petit. Je rattrape alors un groupe de 5 ou 6
coureurs, je commence à ressentir la fatigue alors je m'y accroche.
Une féminine un peu au-dessus de nous à sa lampe frontale allumée
dans son sac, je la hèle pour la prévenir, elle s'arrête pour me
remercier et peste contre sa frontale. Sur la fin de la montée, je
crois que je lâche un peu le groupe, à moins qu'au contraire je le
laisse partir devant moi ? Bref j'arrive seul en haut du col et
je m'octroie une petite pause pendant qu'un bénévole m'annonce 50d-
puis 100d+ jusqu'à la brèche de la roche fendue. La partie est
assez technique mais sachant que derrière il y a une longue
descente, je me bouge un peu et ne traîne pas dans ce secteur.
Brèche de roche fendue |
La descente (entrecoupée
de petits coups de cul sinon c'est pas marrant...) s'effectue sans
encombre jusqu'au Habert d'Aiguebelle.
Habert d'Aiguebelle,
12h39, 48km, 3950D+
Ce ravitaillement ne
propose que de la soupe et du coca malheureusement. J'y passe tout de
même un certain temps parce que ce que j'imagine comme la partie la
plus difficile de la course est devant nous : le col de
l'Aigleton, puis celui de la Vache, réputé très difficile.
Vers l'Aigleton |
J'ai un
souvenir assez confus du passage de l'Aigleton... simplement qu'un
bénévole nous dit de faire le plein d'eau dans le torrent en bas
de la descente avant d'entamer le col de la Vache. C'est ce que je
fais même si la nuit va tomber et que je bois déjà beaucoup moins.
Le début du col de la Vache est tranquille, certains coureurs
passent en mode nuit avec frontale plus veste ou manche longue, je
les imite pour la frontale que j'allumerai dès le début du passage
ultra caillasseux. La nuit tombe d'ailleurs très vite, j'essaie de
rester à 50 lumens, le plus longtemps possible, c'est facile au
départ car je suis derrière un coureur : c'est lui qui fait
l'effort de lever la tête pour trouver le balisage, puis de
réfléchir au meilleur moyen de rejoindre le fanion fluorescent.
Lorsque je passe devant lui c'est une autre histoire, je passe autant
de temps à chercher où mettre le pied qu'à réellement avancer, et
cette fois c'est lui qui me suit et en profite.
C'est un peu longuet du
coup mais j'ai la pêche, donc ça passe assez bien, je me permets
même au col une petite plaisanterie au bénévole : « bon,
et le col de la vache c'est pour quand ? » « bah
c'est ce que tu viens de passer ! » « ah ce petit
truc là ? » Mais je suis bien content d'avoir passer ce
point critique sans trop d'encombre, surtout que je sais que
désormais, une longue descente nous attend jusqu'à la base vie. Je
me rappelle d'un début de descente très technique mais je m'y
amuse, motivé à rattraper un maximum de coureurs et arriver au
Pleynet le plus vite possible pour me reposer.
Pause Pub
Je mets ma Stoots
Wapi sur 200lumens, c'est le pied, j'ai jamais eu un éclairage aussi
confortable (et j'en ai eu quelques unes des frontales : Petzl,
Silva, Zebralight, Spark et à peu près tous les modèles de chez
Stoots sauf les tout premiers), même la Stoots Focus ne fait pas
aussi bien. Le rendu du relief est tout simplement exceptionnel, je
me demande même si on ne voit pas derrière
les cailloux grâce à elle.
Ca
descend un bon moment assez raidement, on passe près de plusieurs
lacs qu'on devine plus ou moins dans le noir puis il y a une partie
un peu platounette où je commence à avoir la flemme de
courir/trottiner, même si le terrain s'y prête assez. On voit enfin
le Pleynet plus bas, tout proche, cool.
C'est
sans compter sur le putain de tour du vallon de merde qui surplombe
le Pleynet : 5km de chemin à la con avec des ruisseaux stupides
à traverser, des remontées plus ou moins casse-couilles pour
enfin !! descendre franchement vers la base vie. Il est minuit.
J'ai 4h de marge sur les barrières horaires et compte m'arrêter ici
2h environ.
Le
Pleynet, 17h52, 65km, 5108D+, 158ème
Récupération
du sac d'allégement, je me pose devant le dortoir et déballe mon
bazar. Je change simplement de tee-shirt, coupe la montre et la met à
recharger, je repartirai avec une nouvelle activité après ma pause.
J'essaie de recharger également la batterie de ma lampe, mais
j'arrive pas à conneter le chargeur à la batterie ! Tant pis
j'aurai suffisamment pour finir la nuit et j'ai une autre lampe
Stoots dans le sac. (En fait, ce que je croyais être la batterie de
ma lampe était le bloc lumineux, qui ne se connecte pas au chargeur
forcément, bref j'ai été un gros naze sur le coup).
J'enlève
mes chaussettes et je constate que ma plante des pieds est bien
pourrie, la peau s'arrache par endroit et j'ai l'impression d'avoir
des espèces d'ampoules énormes. J'ai eu la bonne idée de prendre
des tongs dans le sac, je me noke les pieds et enfile donc les tongs.
Grosse erreur !!! mes pieds glissent avec la nok dans les tongs
et je rejoins le restaurant en marchant comme un handicapé (bon y
avait d'autres gars qui marchaient pareil sans problème de
tongs...). Au restau, je finis allégrement le plat de pâtes
bolognaises, et tout ce qu'on me donne, mais n'en reprend pas, c'est
parfait et ça requinque. Direction le dortoir où j'essaie de dormir
1h, sans succès car il y a quand même beaucoup de bruit et surtout
je n'ai pas encore assez sommeil. Je me repose tout de même une 1h
et en repartant sur le petit ravitaillement, les bénévoles
annoncent qu'ils vont bientôt fermer le restaurant??!! ce qui
signifie que les coureurs arrivant même avec 2h d'avance sur la BH
de 4h ne pourront pas profiter du repas chaud. Un peu déçu par
l'organisation pour le coup.
Je
repars à 1h43 exactement.
La
suite du parcours, je la connais puisque c'est celle du 85km, mis à
part la descente puis remontée pour atteindre le prochain
ravitaillement du Gleysin.
On
commence par une descente facile jusqu'à fond de France qui marque
la longue montée de la Valloire, près de 900D+ assez raides. Dès
les premiers hectomètres de cette montée, le sommeil s'empare de
moi littéralement. Je me pose une première fois sur une tronc
d'arbre à califourchon, ferme les yeux quelques instants, repars.
Plusieurs coureurs dorment sur le bord du chemin, ma progression est
limaceuse, je me fais beaucoup dépasser. Je bois un mélange
eau-coca qui me fais tousser puis vomir très légèrement pendant
une cinquantaine de mètres. Je guette un endroit propice pour
m'allonger, j'en trouve un qui m'a l'air pas mal à dix mètres du
chemin, il y a des pommes de pin assez molles, je m'allonge, la tête
sur le sac, c'est confortable excepté les insectes qui en profitent
pour se balader sur moi. Comme je ne suis pas très lucide, je
n'enfile ni veste, ni haut chaud, du coup j'ai vite froid et comme
j'entends sans cesse le bruit des bâtons des coureurs, impossible de
trouver le sommeil. Je repars une nouvelle fois en décidant de ne
plus essayer de dormir sur le bord du chemin, tant pis il me faudra
attendre Gleysin. Tant bien que mal je rejoins un chalet où l'on
nous propose café et thé, j'en profite avec plaisir et ça fait du
bien. 2H30 pour 5km environ à monter... La forme n'est plus là,
même la descente commence mal puisque je me tords la cheville
droite, celle qui me dérange depuis le début de l'été. Je
m'arrête quelques minutes pour faire passer la douleur et repars en
tirant la patte. C'est dur mentalement à ce moment là, pendant une
bonne demi heure je pense à l'abandon au Gleysin, la cheville sera
mon excuse. Puis sur la fin de la descente, ça va mieux, je recours
sans douleur, je ne sais pas pourquoi.
Gleysin,
24h31, 81km, 6162D+, 135ème
Gleysin,
le dortoir est bien organisé, la bénévole qui s'en occupe note
l'heure d'arrivée, le numéro du lit attribué, le temps de dodo
désiré pour réveiller le coureur sans utiliser la sonnerie de son
portable. Il est 6h35 et en fait je n'ai plus trop sommeil, mais je
demande à être réveillé 30 minutes plus tard. Je mets ma fine
polaire et tente de dormir un peu, c'est presque bon, mais non tant
pis, il fait jour, il y a un peu de bruit, et j'ai peur de repartir
trop tard d'ici parce que je sens que je vais perdre beaucoup de
temps dans la portion montante suivante jusqu'au col Moretan, 1400
mètres plus haut. Au final je ne serais resté que 35 minutes ici,
pour repartir vers 7h10.
C'est
clairement une erreur de ne pas avoir insisté un peu plus pour
trouver le sommeil. Mais il faut dire que je n'ai plus sommeil !
Par contre je n'ai plus trop de force non plus, alors je repars dans
l'idée de profiter de la journée en mode rando cool, prendre des
photos (bon j'en ai pris que très peu ce deuxième jour), et
m'arrêter aussi souvent que nécessaire, le tout étant d'arriver à
Super Collet où j'aviserai.
La
montée se fait donc lentement, lentement, len-te-ment. Des pauses
pour resserrer les lacets, pour avaler un gel, pour se rafraîchir le
visage, tout est prétexte à s'arrêter. Je passe le refuge de
l'Oule, je me retourne souvent pour guetter le premier coureur du
85km. Il arrive environ 300m sous le sommet, je le vois courir sur
une partie plus facile et me dépêche de sortir mon appareil photo
pour prendre une petite vidéo, prise un peu trop tard mais on
remarque bien Antoine Guillon, qui m'encourage et file d'un pas
énergique vers le sommet. Je décide de rester sur place, assis
tranquille à l'ombre, pour attendre le second. Punaise il en met du
temps ! Presque 10 minutes avant d'arriver, puis le 2nd, 3ème
pas trop loin. Le 4ème m'encourage fort, ça fait très plaisir, et
m'aide à repartir à l'assaut du sommet. J'y passerai avec le 15ème
du 85.
La descente |
Col
Moretan, 28h39, 87km, 7756D+, 138ème
Enfin
une descente où je revis quelques instants, jusqu'aux lacs Moretan
toujours aussi magnifique, mais c'est toujours pas la joie. Au moins
je ne fais plus de pauses, et arrive à suivre quelques coureurs du
144km par intermittence jusqu'au ravitaillement de Périoule. Le coin
est magnifique, j'oublie de prendre des photos mais on est quand même
pas trop mal.
Périoule,
29h54, 90km, 7756D+, 140ème
A Périoule, on me propose de m'allonger, il fait très chaud, je me
pose sur un tapis de sol un peu à l'ombre derrière une tente, un
bon moment avec les pieds à l'air parce que la plante est de plus en
plus douloureuse. Le ravitaillement est très animé, peu propice au
sommeil mais fermer les yeux et être allongé est déjà très
agréable. Je finis par repartir, il reste 9km jusqu'à SuperCollet,
avec une bonne descente avant une remontée très raide en plein
cagnard, où j'avais explosé l'an passé.
Ca commence mal avec la descente dans les bois où je n'ai aucun
plaisir, impossible de courir, j'en ai trop marre, fait trop chaud,
je me fais doubler de tous les côtés, j'ai l'impression d'être un
enfant sur le périph' avec toutes les bagnoles qui passent à fond
en klaxonnant. Du coup la douleur à la cheville revient, ça me fera
mon excuse pour abandonner à SuperCollet !!
Surtout que la montée de la mort est devant moi, elle va finir par
m'achever. Dès le début, je m'arrête pour envoyer des textos et
lire ceux que j'ai reçus. Un gars du 85 s'assoit à côté de moi,
on discute un peu et je lui dis que j'en ai marre, j'abandonne à
SuperCollet. Lui aussi, il a décidé d'arrêter là-bas, il a déjà
fait le 47 donc il connaît la suite. Il me propose de finir jusque
là-bas ensemble mais j'ai envie de rester encore un peu assis.
5 minutes après je repars en soufflant.
Bizarrement, je me sens mieux, très bien même. J'accélère donc un
peu le pas. Un peu beaucoup même. Je redouble plein de monde du 85
ou 144, qui semblent souffrir comme j'avais souffert ici l'an passé.
Mais pas cette année, la forme est revenue, je suis bien,
SuperCollet approche à grand pas, juste à côté, à 5 minutes, ça
y est !
SuperCollet,
33h53, 100km, 8188D+, 153ème
J'ai mis 12 minutes de moins que l'an dernier pour effectué les 5km
avant cette base vie, j'ai 2h d'avance sur la barrière horaire, et
j'ai retrouvé la forme, plus question d'abandonner évidemment.
Je ne suis pas très bien organisé, il y a beaucoup de monde et peu
de places, donc finalement, je passe beaucoup de temps ici sans trop
le vouloir. J'en profite quand même pour me panser/strapper la
plante des pieds du mieux que je peux, je me change entièrement, me
renoke de partout, recharge un peu ma montre, mange beaucoup, bois
pas mal. Notamment avec une mini gourde de sirop à la pêche, qui
aromatisera délicieusement mon eau pendant quelques heures.
Je quitte cette base vie à 17h15, 45minutes avant la barrière
horaire, mais avec une pêche d'enfer. Un bon pas me permet
d'atteindre le sommet du télésiège, puis le col de Claran. Dans la
descente vers la passerelle du Bens, je me cale derrière un groupe
qui avance assez bien, avant de les lâcher sur la fin de la
descente. Désormais, c'est moi la bagnole qui klaxonne sur le
périph', je remonte tout ce qui bouge (mais il y a surtout des 85)
en rejoignant le refuge des Férices après 400m de dénivelé avalé
comme un mini mars.
Refuge
des Férices, 37h48, 109km, 9140D+, 144ème
Petite pause au refuge, et je repars à l'assaut du col d'Arpingon,
qui m'avait bien fait chier l'an passé aussi, d'ailleurs je sais
toujours pas où il est ce con. Surtout qu'il fait re-nuit !
Quand je passe le point haut de la crête des Férices, et il est
temps de ressortir la frontale pour la longue descente vers Val
Pelouse.
Technique au début, assez roulante à la fin, je réussis à garder
un petit rythme, essayant tout de même de courir le plus souvent
possible. Je suis certain désormais de finir car ce qui reste, c'est
de la rigolade comme je dirais à Dan38, bénévole à Val Pelouse.
Val
Pelouse, 40h26, 117km, 9655D+, 129ème
J'ai mis 1h15 de moins que l'an dernier sur la portion SuperCollet –
Val Pelouse, avec 65km de plus dans les jambes !
Une soupe, du grignotage et je m'allonge, la fatigue commence à
poindre mais je sais que le sommeil ne viendra pas ici, trop
d'agitation pour moi. J'y reste tout de même près d'une heure.
Malgré la fatigue, je garde un rythme correct dans la montée
suivante jusqu'au col de la Perrière, mais dans la descente qui
suit, la course devient franchement difficile, c'est plutôt un trot
plus ou moins élégant, entrecoupé de marche plus ou moins
nordique. Changement de frontale avant les sources du Gargotton où
quelques coureurs me dépassent, et direction le Col de la Perche et
punaise c'est quand même dur là !! Grosse pause au sommet
puis je repars pour quelques kilomètres pas trop pentus mais
vallonnée où une envie de dormir pressante m'assaille, je m'arrête
sur le bord, un endroit humide mais confortable, j'enfile ma veste et
ferme les yeux. Plusieurs coureurs passent près de moi, ils sont
bruyants bordel !! Une autre envie se fait pressante, qui
m'incite à m'écarter un peu plus du chemin, je lance le travail et
pense au perfect de Vik qu'il raconte avec tant de poésie dans son
récit de l'EB2015 que j'ai lu avant le départ et je manque de
m'étouffer de rire. C'est pas un perfect mais ça apaise grassement.
Je repars avec la banane, décidé à rattraper tous les coureurs qui
m'ont empêché de dormir ! Au début j'ai beaucoup de mal à
courir mais je me fais violence et finis la descente à très bon
rythme (c'est du moins mon impression...), je rattrape du coup pas
mal de coureur, jusqu'au replat interminable qui mène au dernier
ravitaillement du Pontet. Ce replat de merde, un peu comme le vallon
de merde du Pleynet, est destiné à faire comprendre au coureur
qu'il n'est qu'un petit être incapable, à la totale merci de
l'organisateur/traceur sournois qui peut l'amener dans une direction,
puis dans l'autre, en haut, en bas, jusqu'à tourner en rond en
dansant la carioca sans jamais atteindre le ravito !
Le
Pontet, 46h09, 134km, 10456D+, 116ème
J'attrape une soupe et fonce directement vers la yourte dortoir.
J'enfile mon haut chaud, bois un peu, et m'endors assez vite (il est
4h20, c'est mon heure) pour une 1h. Je me réveille avant la
sonnerie, c'est dur de se motiver mais j'ai envie d'en finir, je
remplis mes gourdes et file pour la dernière côte vers le Fort de
Montgilbert. J’appuie fort sur les bâtons, j'ai de l'énergie et
le souvenir d'une montée assez facile. Mais ça se raidit peu à peu
et je suis bien content quand la pente s'inverse enfin.Pas vraiment
possible de courir dans la descente : pieds en feu et grosse
flemme. Je regarde l'altitude, il y a 1100D- jusqu'à l'arrivée,
putain !
Au fur et à mesure de la descente, je ralentis, et quelques coureurs
me repassent, ce n'est qu'en voyant enfin Aiguebelle, à environ 3km
de l'arrivée, que je constate qu'il m'est possible de descendre sous
les 50h à condition de me bouger les fesses. Mes douleurs
disparaissent comme par enchantement et la tête prend le relais pour
finir en courant tout le long.
Arrivée
Aiguebelle, 49h58min52sec, 144km, 10923D+, 108ème, 8h du matin
Wow, j'ai fini l'Echappée Belle ?!
Les 2 traces :
Départ-Le Pleynet, Le Pleynet-Arrivée