mercredi 31 août 2016

Je crois que j'ai Belledonné (bis)


Août 2015, je termine le 85km de l'Echappée Belle en 25h, en ayant souffert dès le 30ème km. Il est hors de question pour moi à ce moment d'envisager l'Intégrale et ses 144km.
Janvier 2015, je m'inscris à l'Intégrale.

Je ne sais toujours pas ce qui m'a pris. Ou plutôt : la date et le lieu me conviennent, puis ça m'agace d'entendre que les 65 premiers kilomètres sont les plus beaux et les plus durs.

Pourtant mon « objectif » de l'année reste de boucler l'Ultra Tour du Beaufortain, je ne pense à l'Echappée que très vaguement, comme si je n’étais pas réellement inscrit.

Puis vient l'été, un UTB que je termine en assez bonne forme et avec la chance d'avoir éviter les orages, je me dis que finalement, l'Echappée va arriver, qu'elle marquera la fin des vacances et autant en profiter.

Une dernière grosse semaine de montagne dans les Pyrénées mi-août, puis 15 jours de récupération en Bretagne me permettent d'arriver en bonne forme la veille de la course, même confiant mis à part une cheville toujours un peu douloureuse depuis le début de l'été.
Je covoiture depuis les Yvelines avec Christian et Pierre-Yves, deux ultras-traileurs confirmés (PTL, Tor, Ronda et j'en passe) qui énumèrent leurs exploits plus fous les uns que les autres. Ca calme un peu mes ardeurs, et je m'imagine être le seul concurrent n'ayant jamais dépassé les 100km, au milieu de 500 habitués des ultras. Pour couronner le tout, je fais le trajet Aiguebelle-Vizille où je dormirai la veille du départ avec Françoise et Xavier, qui sortent de 300km à la Transpyrenea en juillet, enchaînent avec l'ultra trail du Vercors ensuite, bref, que des fous furieux sur cette course ou quoi ???????

Dormir à Vizille est une bonne idée, qui permet un réveil à 5h au lieu de 2h30 pour ceux qui prennent la navette à Aiguebelle.
Je quitte l’hôtel un peu à la bourre et arrive sur l'aire de départ à 5h55, le temps de déposer mon sac d'allégement sacrément plein, et c'est le départ, pas le temps de stresser un seconde !

La stratégie est simple : lentement tout le temps !!! sauf en descente mais la première vraie descente n'arrivera qu'après la Croix de Belledonne après le 30ème km. Du coup j'avance en me faisant doubler régulièrement et le temps lui n'avance pas trop... je me fais chier quoi !


Au refuge d'Arselle 3h05, 16,6km, 1481D+m, 377ème
Plein d'eau, mélange eau-coca dans un bidon qui va dégazer pendant un bon moment, je me gave comme d'habitude de tout ce que je trouve, et emporte deux morceaux de bananes pour la route,
J'y retrouve Pierre-Yves et Bruno, rencontré à Aiguebelle la veille, nous repartons ensemble. Les deux sont très bavards ! A tel point que Bruno nous laisse partir parce qu'il sent que le cardio monte trop en parlant, puis c'est à mon tour de laisser Pierre-Yves s'échapper. Le terrain devient de plus en plus technique, on commence à voir de beaux lacs, et il ne fait pas encore chaud donc tout va bien et je commence à prendre du plaisir. Quelques rapides pauses photos scandent mon périple qui s'annonce des plus agréables.
Lac Achard
Derrière le col de la Botte

Lacs Robert
Lac Claret sous le refuge de la Pra
 Refuge de la Pra 6h03, 28,1km, 2381D+, 319ème
20 minutes de pause ici, le temps de déjeuner tranquillement puisqu'il est midi. Je me crème les pieds car je sens qu'ils s'échauffent dangereusement, et je regrette d'avoir choisi des chaussettes neuves pour ce début de course, alors que d'habitude elles ont au moins un lavage. Pierre-Yves me propose de repartir ensemble mais j'ai encore quelques minutes à passer ici pour remplir mes bidons. J'essaie d'y mettre des pastilles d'Isostar que je croie effervescentes. Ben en fait non, elles restent bêtement au fond du bidon, limite en me narguant et surtout en ne faisant aucune bubulle d'effervescence ?!! bah merde, ça se croque alors ??? J'avais pris ça au dernier moment dans le but de varier un peu avec mes boissons ISO+ de chez Décathlon... bref, j'en croque une et ça ressemble à une vulgaire vitamine C, très moyen mais je ne m'en offusque pas et repart sur le même rythme qu'en arrivant... Heureusement j'ai pas le bidon fragile, ça reste un bon point.
lacs du Doménon
 Le prochain objectif est simple : la croix de Belledonne 5km et 900mD+ plus loin, sommet du parcours. Je l'atteins avec la patate. Robin G, déjà croisé à l'écotrail de Paris, Christian et Pierre-Yves y sont déjà, profitant de la vue avant d'entamer la redescente.
Je prends une petite vidéo 360 trop rapide, quelques photos floues ou avec mon doigt sur l'objectif, deux selfies grimaçants. 
Vers la croix de Belledonne


Sommet du parcours
 Donc là ça descend grosso merdo jusqu'au refuge Jean Collet, avec une petite remontée par le col Freydane, Belle partie où je me lâche, enfin ! Je rattrape Pierre-Yves qui descend à peu près comme moi, puis Robin, puis plein d'autres en me laissant aller, mais sans prendre de risque.

Lac blanc
 La plupart du temps, les coureurs devant se rangent agréablement sur le côté lorsqu'ils m'entendent arriver, et j'en fais de même en me faisant doubler, une courtoisie bienvenue qui permet de prendre encore plus de plaisir. A l'approche de Jean Collet, « Jam » et « Nico2000 » me rattrappent, je ne les connais pas mais leurs attributs kikouresques m'obligent à les interpeller, c'est l'usage. Jam en profite pour faire une sympathique chute sans gravité, de celle qui font simplement sourire mais n'effraie pas. Enfin au moins ça court, et Jean Collet s'approche.

Jean Collet 9h38, 39,2km, 3238D+, 286ème
J'aime bien cet endroit, en plus ça capte ! Un petit coup de fil à ma femme tout en profitant d'une soupe et d'un sandwich fromage saucisson un peu à l'écart me requinque. Un hélicoptère vient déposer un secouriste près du refuge, je le regarde comme un enfant, je remange encore et je retrouve Pierre-Yves qui m'avait suivi à quelques dizaines de mètres depuis la croix de Belledonne, du coup nous repartons ensemble pour affronter le col de la mine de fer. J'imprime un rythme sans doute trop soutenue au départ et Pierre-Yves me dit que je vais un peu trop vite pour lui, je ralentis un peu mais je finis par le lâcher petit à petit. Je rattrape alors un groupe de 5 ou 6 coureurs, je commence à ressentir la fatigue alors je m'y accroche. Une féminine un peu au-dessus de nous à sa lampe frontale allumée dans son sac, je la hèle pour la prévenir, elle s'arrête pour me remercier et peste contre sa frontale. Sur la fin de la montée, je crois que je lâche un peu le groupe, à moins qu'au contraire je le laisse partir devant moi ? Bref j'arrive seul en haut du col et je m'octroie une petite pause pendant qu'un bénévole m'annonce 50d- puis 100d+ jusqu'à la brèche de la roche fendue. La partie est assez technique mais sachant que derrière il y a une longue descente, je me bouge un peu et ne traîne pas dans ce secteur.
Brèche de roche fendue
 La descente (entrecoupée de petits coups de cul sinon c'est pas marrant...) s'effectue sans encombre jusqu'au Habert d'Aiguebelle.

Habert d'Aiguebelle, 12h39, 48km, 3950D+
Ce ravitaillement ne propose que de la soupe et du coca malheureusement. J'y passe tout de même un certain temps parce que ce que j'imagine comme la partie la plus difficile de la course est devant nous : le col de l'Aigleton, puis celui de la Vache, réputé très difficile.
Vers l'Aigleton
 J'ai un souvenir assez confus du passage de l'Aigleton... simplement qu'un bénévole nous dit de faire le plein d'eau dans le torrent en bas de la descente avant d'entamer le col de la Vache. C'est ce que je fais même si la nuit va tomber et que je bois déjà beaucoup moins. Le début du col de la Vache est tranquille, certains coureurs passent en mode nuit avec frontale plus veste ou manche longue, je les imite pour la frontale que j'allumerai dès le début du passage ultra caillasseux. La nuit tombe d'ailleurs très vite, j'essaie de rester à 50 lumens, le plus longtemps possible, c'est facile au départ car je suis derrière un coureur : c'est lui qui fait l'effort de lever la tête pour trouver le balisage, puis de réfléchir au meilleur moyen de rejoindre le fanion fluorescent. Lorsque je passe devant lui c'est une autre histoire, je passe autant de temps à chercher où mettre le pied qu'à réellement avancer, et cette fois c'est lui qui me suit et en profite.
C'est un peu longuet du coup mais j'ai la pêche, donc ça passe assez bien, je me permets même au col une petite plaisanterie au bénévole : « bon, et le col de la vache c'est pour quand ? » « bah c'est ce que tu viens de passer ! » « ah ce petit truc là ? » Mais je suis bien content d'avoir passer ce point critique sans trop d'encombre, surtout que je sais que désormais, une longue descente nous attend jusqu'à la base vie. Je me rappelle d'un début de descente très technique mais je m'y amuse, motivé à rattraper un maximum de coureurs et arriver au Pleynet le plus vite possible pour me reposer.

Pause Pub
Je mets ma Stoots Wapi sur 200lumens, c'est le pied, j'ai jamais eu un éclairage aussi confortable (et j'en ai eu quelques unes des frontales : Petzl, Silva, Zebralight, Spark et à peu près tous les modèles de chez Stoots sauf les tout premiers), même la Stoots Focus ne fait pas aussi bien. Le rendu du relief est tout simplement exceptionnel, je me demande même si on ne voit pas derrière les cailloux grâce à elle.

Ca descend un bon moment assez raidement, on passe près de plusieurs lacs qu'on devine plus ou moins dans le noir puis il y a une partie un peu platounette où je commence à avoir la flemme de courir/trottiner, même si le terrain s'y prête assez. On voit enfin le Pleynet plus bas, tout proche, cool.
C'est sans compter sur le putain de tour du vallon de merde qui surplombe le Pleynet : 5km de chemin à la con avec des ruisseaux stupides à traverser, des remontées plus ou moins casse-couilles pour enfin !! descendre franchement vers la base vie. Il est minuit. J'ai 4h de marge sur les barrières horaires et compte m'arrêter ici 2h environ.

Le Pleynet, 17h52, 65km, 5108D+, 158ème
Récupération du sac d'allégement, je me pose devant le dortoir et déballe mon bazar. Je change simplement de tee-shirt, coupe la montre et la met à recharger, je repartirai avec une nouvelle activité après ma pause. J'essaie de recharger également la batterie de ma lampe, mais j'arrive pas à conneter le chargeur à la batterie ! Tant pis j'aurai suffisamment pour finir la nuit et j'ai une autre lampe Stoots dans le sac. (En fait, ce que je croyais être la batterie de ma lampe était le bloc lumineux, qui ne se connecte pas au chargeur forcément, bref j'ai été un gros naze sur le coup).
J'enlève mes chaussettes et je constate que ma plante des pieds est bien pourrie, la peau s'arrache par endroit et j'ai l'impression d'avoir des espèces d'ampoules énormes. J'ai eu la bonne idée de prendre des tongs dans le sac, je me noke les pieds et enfile donc les tongs. Grosse erreur !!! mes pieds glissent avec la nok dans les tongs et je rejoins le restaurant en marchant comme un handicapé (bon y avait d'autres gars qui marchaient pareil sans problème de tongs...). Au restau, je finis allégrement le plat de pâtes bolognaises, et tout ce qu'on me donne, mais n'en reprend pas, c'est parfait et ça requinque. Direction le dortoir où j'essaie de dormir 1h, sans succès car il y a quand même beaucoup de bruit et surtout je n'ai pas encore assez sommeil. Je me repose tout de même une 1h et en repartant sur le petit ravitaillement, les bénévoles annoncent qu'ils vont bientôt fermer le restaurant??!! ce qui signifie que les coureurs arrivant même avec 2h d'avance sur la BH de 4h ne pourront pas profiter du repas chaud. Un peu déçu par l'organisation pour le coup.
Je repars à 1h43 exactement.

La suite du parcours, je la connais puisque c'est celle du 85km, mis à part la descente puis remontée pour atteindre le prochain ravitaillement du Gleysin.
On commence par une descente facile jusqu'à fond de France qui marque la longue montée de la Valloire, près de 900D+ assez raides. Dès les premiers hectomètres de cette montée, le sommeil s'empare de moi littéralement. Je me pose une première fois sur une tronc d'arbre à califourchon, ferme les yeux quelques instants, repars. Plusieurs coureurs dorment sur le bord du chemin, ma progression est limaceuse, je me fais beaucoup dépasser. Je bois un mélange eau-coca qui me fais tousser puis vomir très légèrement pendant une cinquantaine de mètres. Je guette un endroit propice pour m'allonger, j'en trouve un qui m'a l'air pas mal à dix mètres du chemin, il y a des pommes de pin assez molles, je m'allonge, la tête sur le sac, c'est confortable excepté les insectes qui en profitent pour se balader sur moi. Comme je ne suis pas très lucide, je n'enfile ni veste, ni haut chaud, du coup j'ai vite froid et comme j'entends sans cesse le bruit des bâtons des coureurs, impossible de trouver le sommeil. Je repars une nouvelle fois en décidant de ne plus essayer de dormir sur le bord du chemin, tant pis il me faudra attendre Gleysin. Tant bien que mal je rejoins un chalet où l'on nous propose café et thé, j'en profite avec plaisir et ça fait du bien. 2H30 pour 5km environ à monter... La forme n'est plus là, même la descente commence mal puisque je me tords la cheville droite, celle qui me dérange depuis le début de l'été. Je m'arrête quelques minutes pour faire passer la douleur et repars en tirant la patte. C'est dur mentalement à ce moment là, pendant une bonne demi heure je pense à l'abandon au Gleysin, la cheville sera mon excuse. Puis sur la fin de la descente, ça va mieux, je recours sans douleur, je ne sais pas pourquoi.

Gleysin, 24h31, 81km, 6162D+, 135ème
Gleysin, le dortoir est bien organisé, la bénévole qui s'en occupe note l'heure d'arrivée, le numéro du lit attribué, le temps de dodo désiré pour réveiller le coureur sans utiliser la sonnerie de son portable. Il est 6h35 et en fait je n'ai plus trop sommeil, mais je demande à être réveillé 30 minutes plus tard. Je mets ma fine polaire et tente de dormir un peu, c'est presque bon, mais non tant pis, il fait jour, il y a un peu de bruit, et j'ai peur de repartir trop tard d'ici parce que je sens que je vais perdre beaucoup de temps dans la portion montante suivante jusqu'au col Moretan, 1400 mètres plus haut. Au final je ne serais resté que 35 minutes ici, pour repartir vers 7h10.
C'est clairement une erreur de ne pas avoir insisté un peu plus pour trouver le sommeil. Mais il faut dire que je n'ai plus sommeil ! Par contre je n'ai plus trop de force non plus, alors je repars dans l'idée de profiter de la journée en mode rando cool, prendre des photos (bon j'en ai pris que très peu ce deuxième jour), et m'arrêter aussi souvent que nécessaire, le tout étant d'arriver à Super Collet où j'aviserai.
La montée se fait donc lentement, lentement, len-te-ment. Des pauses pour resserrer les lacets, pour avaler un gel, pour se rafraîchir le visage, tout est prétexte à s'arrêter. Je passe le refuge de l'Oule, je me retourne souvent pour guetter le premier coureur du 85km. Il arrive environ 300m sous le sommet, je le vois courir sur une partie plus facile et me dépêche de sortir mon appareil photo pour prendre une petite vidéo, prise un peu trop tard mais on remarque bien Antoine Guillon, qui m'encourage et file d'un pas énergique vers le sommet. Je décide de rester sur place, assis tranquille à l'ombre, pour attendre le second. Punaise il en met du temps ! Presque 10 minutes avant d'arriver, puis le 2nd, 3ème pas trop loin. Le 4ème m'encourage fort, ça fait très plaisir, et m'aide à repartir à l'assaut du sommet. J'y passerai avec le 15ème du 85. 



La descente
Col Moretan, 28h39, 87km, 7756D+, 138ème
Enfin une descente où je revis quelques instants, jusqu'aux lacs Moretan toujours aussi magnifique, mais c'est toujours pas la joie. Au moins je ne fais plus de pauses, et arrive à suivre quelques coureurs du 144km par intermittence jusqu'au ravitaillement de Périoule. Le coin est magnifique, j'oublie de prendre des photos mais on est quand même pas trop mal.

Périoule, 29h54, 90km, 7756D+, 140ème
A Périoule, on me propose de m'allonger, il fait très chaud, je me pose sur un tapis de sol un peu à l'ombre derrière une tente, un bon moment avec les pieds à l'air parce que la plante est de plus en plus douloureuse. Le ravitaillement est très animé, peu propice au sommeil mais fermer les yeux et être allongé est déjà très agréable. Je finis par repartir, il reste 9km jusqu'à SuperCollet, avec une bonne descente avant une remontée très raide en plein cagnard, où j'avais explosé l'an passé.
Ca commence mal avec la descente dans les bois où je n'ai aucun plaisir, impossible de courir, j'en ai trop marre, fait trop chaud, je me fais doubler de tous les côtés, j'ai l'impression d'être un enfant sur le périph' avec toutes les bagnoles qui passent à fond en klaxonnant. Du coup la douleur à la cheville revient, ça me fera mon excuse pour abandonner à SuperCollet !!
Surtout que la montée de la mort est devant moi, elle va finir par m'achever. Dès le début, je m'arrête pour envoyer des textos et lire ceux que j'ai reçus. Un gars du 85 s'assoit à côté de moi, on discute un peu et je lui dis que j'en ai marre, j'abandonne à SuperCollet. Lui aussi, il a décidé d'arrêter là-bas, il a déjà fait le 47 donc il connaît la suite. Il me propose de finir jusque là-bas ensemble mais j'ai envie de rester encore un peu assis.
5 minutes après je repars en soufflant.

Bizarrement, je me sens mieux, très bien même. J'accélère donc un peu le pas. Un peu beaucoup même. Je redouble plein de monde du 85 ou 144, qui semblent souffrir comme j'avais souffert ici l'an passé. Mais pas cette année, la forme est revenue, je suis bien, SuperCollet approche à grand pas, juste à côté, à 5 minutes, ça y est !

SuperCollet, 33h53, 100km, 8188D+, 153ème
J'ai mis 12 minutes de moins que l'an dernier pour effectué les 5km avant cette base vie, j'ai 2h d'avance sur la barrière horaire, et j'ai retrouvé la forme, plus question d'abandonner évidemment.
Je ne suis pas très bien organisé, il y a beaucoup de monde et peu de places, donc finalement, je passe beaucoup de temps ici sans trop le vouloir. J'en profite quand même pour me panser/strapper la plante des pieds du mieux que je peux, je me change entièrement, me renoke de partout, recharge un peu ma montre, mange beaucoup, bois pas mal. Notamment avec une mini gourde de sirop à la pêche, qui aromatisera délicieusement mon eau pendant quelques heures.
Je quitte cette base vie à 17h15, 45minutes avant la barrière horaire, mais avec une pêche d'enfer. Un bon pas me permet d'atteindre le sommet du télésiège, puis le col de Claran. Dans la descente vers la passerelle du Bens, je me cale derrière un groupe qui avance assez bien, avant de les lâcher sur la fin de la descente. Désormais, c'est moi la bagnole qui klaxonne sur le périph', je remonte tout ce qui bouge (mais il y a surtout des 85) en rejoignant le refuge des Férices après 400m de dénivelé avalé comme un mini mars.

Refuge des Férices, 37h48, 109km, 9140D+, 144ème
Petite pause au refuge, et je repars à l'assaut du col d'Arpingon, qui m'avait bien fait chier l'an passé aussi, d'ailleurs je sais toujours pas où il est ce con. Surtout qu'il fait re-nuit ! Quand je passe le point haut de la crête des Férices, et il est temps de ressortir la frontale pour la longue descente vers Val Pelouse.
Technique au début, assez roulante à la fin, je réussis à garder un petit rythme, essayant tout de même de courir le plus souvent possible. Je suis certain désormais de finir car ce qui reste, c'est de la rigolade comme je dirais à Dan38, bénévole à Val Pelouse.

Val Pelouse, 40h26, 117km, 9655D+, 129ème
J'ai mis 1h15 de moins que l'an dernier sur la portion SuperCollet – Val Pelouse, avec 65km de plus dans les jambes !
Une soupe, du grignotage et je m'allonge, la fatigue commence à poindre mais je sais que le sommeil ne viendra pas ici, trop d'agitation pour moi. J'y reste tout de même près d'une heure. Malgré la fatigue, je garde un rythme correct dans la montée suivante jusqu'au col de la Perrière, mais dans la descente qui suit, la course devient franchement difficile, c'est plutôt un trot plus ou moins élégant, entrecoupé de marche plus ou moins nordique. Changement de frontale avant les sources du Gargotton où quelques coureurs me dépassent, et direction le Col de la Perche et punaise c'est quand même dur là !! Grosse pause au sommet puis je repars pour quelques kilomètres pas trop pentus mais vallonnée où une envie de dormir pressante m'assaille, je m'arrête sur le bord, un endroit humide mais confortable, j'enfile ma veste et ferme les yeux. Plusieurs coureurs passent près de moi, ils sont bruyants bordel !! Une autre envie se fait pressante, qui m'incite à m'écarter un peu plus du chemin, je lance le travail et pense au perfect de Vik qu'il raconte avec tant de poésie dans son récit de l'EB2015 que j'ai lu avant le départ et je manque de m'étouffer de rire. C'est pas un perfect mais ça apaise grassement. Je repars avec la banane, décidé à rattraper tous les coureurs qui m'ont empêché de dormir ! Au début j'ai beaucoup de mal à courir mais je me fais violence et finis la descente à très bon rythme (c'est du moins mon impression...), je rattrape du coup pas mal de coureur, jusqu'au replat interminable qui mène au dernier ravitaillement du Pontet. Ce replat de merde, un peu comme le vallon de merde du Pleynet, est destiné à faire comprendre au coureur qu'il n'est qu'un petit être incapable, à la totale merci de l'organisateur/traceur sournois qui peut l'amener dans une direction, puis dans l'autre, en haut, en bas, jusqu'à tourner en rond en dansant la carioca sans jamais atteindre le ravito !

Le Pontet, 46h09, 134km, 10456D+, 116ème
J'attrape une soupe et fonce directement vers la yourte dortoir. J'enfile mon haut chaud, bois un peu, et m'endors assez vite (il est 4h20, c'est mon heure) pour une 1h. Je me réveille avant la sonnerie, c'est dur de se motiver mais j'ai envie d'en finir, je remplis mes gourdes et file pour la dernière côte vers le Fort de Montgilbert. J’appuie fort sur les bâtons, j'ai de l'énergie et le souvenir d'une montée assez facile. Mais ça se raidit peu à peu et je suis bien content quand la pente s'inverse enfin.Pas vraiment possible de courir dans la descente : pieds en feu et grosse flemme. Je regarde l'altitude, il y a 1100D- jusqu'à l'arrivée, putain !
Au fur et à mesure de la descente, je ralentis, et quelques coureurs me repassent, ce n'est qu'en voyant enfin Aiguebelle, à environ 3km de l'arrivée, que je constate qu'il m'est possible de descendre sous les 50h à condition de me bouger les fesses. Mes douleurs disparaissent comme par enchantement et la tête prend le relais pour finir en courant tout le long.

Arrivée Aiguebelle, 49h58min52sec, 144km, 10923D+, 108ème, 8h du matin

Wow, j'ai fini l'Echappée Belle ?! 

2 commentaires:

  1. 49h58 de course!!!! Félicitations!!!! C'est énorme!!! Un grand bravo, un immense bravo même!!!
    Pour t'es plantes de pied (je parle en petit runner n'ayant jamais fais de telles performances) je mets du strap sous toute la plante du pied dès le début de mes courses un peu longues (parfois même entre les doigts de pied). Je n'ai jamais la moindre ampoule ni le moindre frottement et contrairement à la non qu'il faut remettre de temps en temps, le strap ne bouge pas.
    Encore bravo en tout cas!!!!!

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    1. Merci, c'est vrai que le strap depuis le début aurait sans doute été une bonne idée.

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