mardi 26 août 2025

Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160

 GRP 160

Je reviens cette année pour la 4ème fois sur le grand raid des Pyrénées,

2014, premier « gros » trail en montagne sur les 80km du Tour des lacs, 2017 abandon au 95eme kilomètre du GRP 220, 2019 120km du tour des cirques.

L’augmentation du nombre de coureurs depuis 2019 est flagrante lorsque nous arrivons en famille sur place le mercredi 20 août au soir. L’appartement est très bien placé entre Vielle-Aure et Saint-Lary, le long de la Neste et des 800m de berges avant l’arrivée de la plupart des courses. Saint-Lary grouille de trailers, on sent qu’il y a du tee-shirt finisher en pagaille sous les k-way (il pleut).

Le programme est simple : gérer au mieux la récupération des dossards et le dépôt des sacs d’allégement pour passer une veille de course la plus reposante possible.

Normalement, je suis frais et en forme. Mon année 2025 a commencé par une préparation au marathon de Séville pour laquelle j’ai enchaîné des semaines à plus de 100km, j’ai commencé doucement le dénivelé vers mars, et pas mal de montagne en juillet.

Je sens que je suis bien plus facile qu’avant sur le plat et toutes les relances, mais une seule course début juillet à la Skyrace de Montgenèvre peut venir confirmer mes sensations, et malgré un bon mois de juillet, j’ai peur d’avoir coupé le denivelé trop tôt (dernière sortie montagne 18 jours avant la course).

Mon objectif est de finir la course en moins de 35h, je bricole un roadbook à la va vite à partir du simulateur de la course, et je note les temps de passage sur le profil que j’ai imprimé et plastifié (je ne le regarderai pas une seule fois de la course…).

Vielle-Aure, km 0, vendredi 5h03

Une fois n’est pas coutume je passe une bonne nuit. Je quitte l’appartement à 4h40, je n’ai que 10 minutes de marche jusqu’au départ où je me place en fin de peloton (pas le choix). Je vis assez mal la première montée jusqu’au Pla d’Adet, trop de monde, j’ai l’impression d’être au fond du peloton, impossible de doubler sereinement, et pas sûr d’avoir la forme espérée. Heureusement, ça s’étire ensuite et j’arrive au premier ravitaillement du Merlans en 2h25. De mémoire, j’avais mis 2h30 sur le GRP80 et 2h40 sur le 220, donc je ne me suis pas tant traîné que ça.


Restaurant Merlans, vendredi 7h27, 15km, 2h24, 1500+, 197ème

Je n’ai aucune idée du classement mais je m’imagine être dans le milieu de peloton, je prends une première soupe, refait le plein d’eau et ne traîne pas au ravitaillement. La suite du parcours devrait être plus intéressante, on entre dans la caillasse mais le chemin est facile jusqu’au col de Bastanet, y a juste à suivre le rythme et apprécier le moment où on sort des nuages et l’appareil photo.





Col de Bastanet, vendredi 8h33, 21km, 3h30, 2000+, 187ème

Les 800- de descente qui suivent le col de Bastanet ne sont pas évidents, l’humidité rend les cailloux glissants, et la densité de coureurs oblige à un rythme retenu. Ca commence à parler du redouté Serpolet autour de moi : fini la descente caillouteuse pour laisser place à une montée sèche boueuse d’environ 1,8km pour 380m de dénivelé. On est au début de course donc finalement ça passe tout seul, surtout qu’on file droit sur la Mongie juste derrière.

La Mongie, vendredi 10h23, 31km, 5h20, 2500+, 159ème

Encore une soupe à La Mongie, du salé, du sucré, je remplis une flasque de mélange gazeux et complète l’autre d’eau plate avec mon reste de boisson glucidique. Je file ensuite vers le col de Sencours, que l’on rejoint après une montée régulière de 800m de dénivelé. Je me sens bien dans cette montée, mais décide de gérer en me calant autour de 750-800m/h, je me cale derrière des coureurs et laisse divaguer mon esprit. Sur chaque section, j’essaie de m’accorder des moments où je pense à autre chose, chose aisée au début quand tout va bien.

Sencours, vendredi 12h10, 39km, 7h07, 3400+, 146ème

Il y a du monde à Sencours, on sait que la portion suivante est la plus longue sans ravitaillement (20km) et qu’il faut donc bien se recharger. Je recharge une flasque de poudre énergétique, mais j’en fous la moitié à côté, sur la table, le goulot et mes doigts… Tant pis elle sera moins concentrée c’est pas plus mal (un sachet de poudre correspond à 80gr de glucides que je dilue dans une flasque de 750ml). Je prends une soupe et repars vers Hautacam, sur le papier c’est du roulant descendant entrecoupé de 3 ou 4 coups de cul/col dont le col de Bareilles le plus long (200d+ à tout cassé). En 2017, j’avais pété une durite sur cette portion et était arrivé à Hautacam dans le mal, mais cette année, c’est la balade à son pépère, avec des relances à chaque replat, du trot régénérant et de la fluidité dans les descentes. Je me dis que je pourrais aller nettement plus vite mais qu’il faut penser à la suite, et c’est surtout dans les descentes que je me calme pour arriver à Hautacam le mieux possible.

Hautacam, vendredi 15h17, 59km, 10h14, 4300+, 113ème

Je m’assois pour la première fois sous la tente du ravitaillement qui arrive à point nommé car je n’avais quasiment plus d’eau. Je refais le plein de boisson énergétique en m’appliquant sur le versement de la poudre et constate un net progrès : presque rien à côté. Je mange des tucs et des trucs, bref je profite de la vie en me réjouissant à l’idée qu’il n’y a que de la descente jusqu’à Pierrefitte. Sauf que très vite on se rend compte qu’avant de descendre tranquillou sur des pistes, il faut traverser un kilomètre de merdouille faite de cailloux, ruisseaux mal intentionnés et buissons délaissés des paysagistes. Puis ça descend raide et mouillée sur 200d- jusqu’à la piste, enfin !

Les 6 ou 7km de descente jusqu’à la base vie sont ensuite réellement faciles et une fois de plus je décide de me retenir, me fait doubler par quelques avions, pour arriver au mieux à Pierrefitte (et sans me faire surprendre par les 60m de d+ sournois avant la base vie car la blague est désormais connue)

Pierrefitte, vendredi 16h49, 69km, 11h46, 4400+, 114ème

Une fois n’est pas coutume, je suis assez content de mon efficacité à la base vie. Bien aidé par des bénévoles au petit soin, j’ai le temps de me doucher les jambes, me changer entièrement sauf le short, aérer mes pieds (regret de ne pas avoir prévu des tongs) en mangeant soupe et salade de fruit, refaire le plein de sachets de poudre et gels, le tout en 25 minutes sans me presser. De nouvelles chaussettes et chaussures font un bien fou pour repartir vers Estaing, par ce que je crois être un chemin facile (une grosse montée régulière et une grosse descente du même genre) déjà emprunté sur le GRP220. Le début commence bien sur une piste large où plusieurs relais me dépassent mais j’avance régulièrement en marche nordique quand les balises nous font bifurquer sur un chemin inédit, je déchante alors… Nous sommes désormais dans un chemin au milieu de hautes fougères et droit dans la pente, pas du tout comme en 2017 ! L’avantage c’est que l’altitude augmente bien plus vite, mais ça use sévère et deux gars me doublent successivement, en me laissant littéralement sur place. On arrive enfin sur un espèce de sommet bedonnant et des replats successifs entrecoupés de montées douces sur un chemin de nouveau large, ouf !! La descente se fait désirer et commence sèchement hors sentier, là encore on coupe direct pour s’économiser de la distance. C’est sûrement sur ce genre de descente que je rattrape le plus de temps : raide et glissante mais peu technique donc je ne me plains pas. D’ailleurs je rattrape plusieurs coureurs avant d’arriver à Estaing où je dois slalomer entre les voitures d’accompagnateurs garées à l’arrache.

Estaing, vendredi 20h10, 86km, 15h07, 5700+, 99ème

Je traine presque 30 minutes à Estaing, je prends le temps de manger plusieurs fois car j’appréhende la montée au col d’Ilhéou, la tombée de la nuit… J’ai de grosses irritations à l’entrejambe (pourquoi n’ai je pas changé de short à Pierrefitte???), au niveau du bas des côtes à cause de frottements du sac ou du tee-shirt ou les deux combinés, et des douleurs plus haut à cause de la nourriture des poches sous flasques qui appuie trop fort... j’utilise mon petit pot de crème antifrottement pour l’entrejambe, et je repositionne ma nourriture dans les poches, en rajoutant un buff dans l’une et un coupe vent dans l’autre pour créer deux sortes de coussins amortisseur. Mais je ne m’occupe pas des irritations au bas des côtes… pourquoi alors que j’ai plusieurs morceaux de bande de Taping pour ça dans le sac mais que je ne mettrais qu’à Luz une fois que les irritations deviennent insupportables ?

La frontale est sur la tête en sortant du ravitaillement et sera allumée dans la longue partie de route pour atteindre le lac d’Estaing, au pied du col d’Ilhéou. Au début du col, tout va bien, un coureur relais me rattrape et on discute un peu, je lui dis que j’essaie de rester autour de 700-750 m/h en montée, on parle de nos courses, ça fait passer le temps mais ça ne m’empêche pas de craquer à 2km du col environ (sur 5km pour 1000+). Le coureur relais me passe, puis plusieurs autres de l’ultra et je me retrouve seul dans ma souffrance, pour un moment. En regardant ma trace, je constate que mon craquage intervient avec l’augmentation de la pente, un classique pour moi. Je passe le col sans trop savoir où il est exactement, et me réjouis d’entamer la descente bien que la forme reste très faible. C’est assez technique jusqu’au refuge d’Ilhéou où il n’y a qu’un pointage et de l’eau, et encore une fois, c’est dans les descentes que je reprend des places. Celle jusqu’à Cauterets n’est pas très difficile, mais je sens ma jauge d’énergie se rapprocher dangereusement du zéro. Je n’arrive plus trop à manger depuis la montée, je me force à boire en craignant de vomir à tout moment… Heureusement, voilà Cauterets !

Cauterets, samedi 0h30, 106km, 19h27, 7120+, 84ème

Je dois avoir une sale gueule quand j’arrive au ravitaillement, mais l’état des autres coureurs n’est pas reluisant non plus ! Je pose mes affaires sur une table, remplis mon bol de soupe, m’affale lourdement sur la chaise, essaie de boire en vain, pose la tête entre mes bras, bon va falloir du temps pour me refaire une santé là… Mais j’en ai du temps, alors j’appelle Marion, regarde mon classement sur Livetrail, et attends de finir la soupe pour m’allonger sur le dernier lit de camp juste libéré par une coureuse de relais. Boule quiès, buff sur les yeux, couverture remontée, je n’ai pas vraiment sommeil mais j’essaie de me laisser aller. Ca fait du bien et en me relevant, (peut être 30 minutes après?), je grelotte mais suis capable de remanger : nouvelle soupe et sandwich jambon que j’avale assez vite car j’ai besoin de bouger pour me réchauffer. Au final, il est 1h30 quand je quitte le ravitaillement. La remise en route est un peu poussive, je m’arrête plusieurs fois pour relasser mes chaussures, ranger mon coupe-vent, me laver les mains dans un ruisseau (me suis encore foutu de la poudre partout!). C’est assez raide pour sortir de Cauterets, puis la montée au col de Riou, 1000m plus haut est ensuite régulière, d’abord sur une large piste puis sur un sentier en lacet où l’on peut deviner les frontales malgré la brume toujours présente depuis le matin. Même si j’en ai clairement marre, que je me demande pourquoi je m’inflige ça, que je me jure qu’on ne m’y reprendra pas (bref du classique), j’avance sûrement en me focalisant sur Luz, prochaine base vie, lieu de luxure et orangina. Je passe le col après 12 000 lacets monotones pour filer vers Luz donc, mais dans le début de la descente, un ravitaillement que j’imaginais uniquement liquide s’entremet : Béderet. Pas bon pour ma moyenne tout ça, mais une petite soupe et une chaise ne se refusent pas.

Il reste ensuite 8km de descente, parfois sur sentier, parfois sur la route (de Luz-Ardiden qui me rappelle un bon souvenir de vélo) mais toujours à allure faiblarde (entre 8min et 10min au kilomètre) Je n’ai pas vraiment mal aux jambes, je ne manque pas vraiment d’énergie pour descendre plus vite, mais à quoi bon…

Luz-Saint-Sauveur samedi 5h21, 125km, 24h18, 8200+, 91ème

Cette fois je me change entièrement, me colle deux bandes sur les irritations cotières qui ne sont pas belles à voir, mange au mieux, bref quasiment comme à Pierrefitte sauf que ça me prend quasiment le double de temps : 45minutes. J’ai une bonne marge sur l’objectif de 35h normalement grâce à ma bonne première journée. La section Luz-Tournaboup est clairement la moins intéressante du parcours : 800+ sur 12km de chemin large, route et village, une vraie purge où je me fais violence pour courir dans les faux plats descendants.

Tournaboup, samedi 8h41, 137km, 27h38, 9200+, 91ème

10 minutes d’arrêt et une soupe plus tard, je me lance pour la Hourquette Nère avec 2l d’eau car il est annoncé qu’il faut être autonome jusqu’au restaurant Merlans, 17km plus loin. La journée s’annonce ensoleillée, ça fait plaisir mais la vitamine D ne suffit pour l’instant pas à me faire avancer correctement. Sachant que La Hourquette Nère est à 2461m contre 1451 pour Tournaboup, j’en conclue que ça monte et que j’en chie, ça va être long. Obligé de faire une pause avant le refuge d’Aygues Cluses (vers 2100m), je grignote lentement un snickers, puis tente un gel caféiné. Wow, je sens la caféine m’inonder des pieds à la tête, c’est tsunamiesque. Mais efficace. Enfin j’avance pas plus vite mais me sens mieux et la Hourquette n’a qu’à bien se tenir ! Ce qu’elle fait, elle semble même s’incliner légèrement pour me faciliter son franchissement, sacré Hourquette !

Bon reste plus qu’à se taper la descente merdique vers le lac de l’Oule, pour laquelle les bâtons me sont extrêmement utiles : j’y dépasse pas mal de coureurs. Quelques mètres à monter pour rejoindre une seconde fois Merlans, ça sent bon !



Merlans, samedi 13h05, 8154km, 32h03, 10500+, 80ème

Cloclo et son bob kikourou m’accueille pour ce dernier ravitaillement, où je ne m’attarde pas, faut profiter de la forme pour remonter au col du Portet, dernière côte de 200+ avant le toboggan final. Je pousse sur les bâtons et bascule en relançant dès que possible. Je m’enquiers auprès de ma tête et mes jambes : - On est fatigué ? - On n’est pas fatigué !

Les pieds peuvent la fermer, merci. Je file donc vers l’arrivée, d’abord sur un long faux plat descendant, je regarde l’altitude qui ne diminue pas assez à mon goût, mais vers 1900m, la pente s’accentue fortement et on arrive vite à Soulan, c’est raide mais tant mieux, ça sera plus court ! Je trottine tout le long et sur la route après Vignec, un coureur de l’Ultra me double et me dit de le suivre, j’accélère et ça fait pas plus mal, je maintiens donc un bon rythme tout le long de la Neste jusqu’à l’arrivée : bonheur !

Vielle-Aure, samedi 14h52, 167,8km, 33h49min59s, 10700+, 78ème



dimanche 1 septembre 2024

Une TDS svp !

 Et une TDS, une. 

Ca sera la dernière.

C'est Cham quoi, le temple, la capitale, the place to be fin août. Pensais pas y être un jour. Mais cette année, y avait le semi marathon, les fractionnés, la fréquence cardiaque et le marathon alors autant se taper la grande messe du trail pour finir. 

Prépa ok sans plus, pas de course de préparation, pas de sortie trop longue (max 3h 1500+ en trail) mais 5 jours de bonne randonnée technique fin juillet avec 10-12h de marche par jour. Et comme j'ai couru sur route jusqu'à avril, j'ai beaucoup plus de km dans les jambes que d'habitude, ça peut servir pour la TDS que j'imagine assez roulante (j'ai raison jusqu'à Beaufort).

La CB bien vidée par toutes les dépenses d'orga, on arrive aux Houches dimanche, retrait des dossards lundi matin, beau temps mais pas canicule, parfait. 

Sieste, pâtes, café, train, bus, Courmayeur : 22h30. Départ de la course 23h50, on se pose sur un banc, puis dans le sas et on attend, longuet avec une musique de plus en plus forte et j'ai mal au bide depuis 1h. Trop de pâte ?  trop de café ? stress ? Affaire à suivre.

3,2,1 go, ça court, trotte, dans la cité et mon ventre coince en courant donc je régule sur les 2 ou 3km plat avant de rejoindre une piste qui monte autour des 15%. En montée, le bide se gère. Il y a alors un premier pointage et même un ravitaillement :

6,6km 800d+ Checrouit Maison-Veille 822ème Mardi 1h05, 1:15:46 - 5,2 km/h

Aucune idée du classement sur le moment, et je ne regarde quasiment pas la montre. Il y a la cohue pour faire le plein d'eau mais je complète tout de même une de mes flasques, on ne sait jamais.

Ca continue de monter jusqu'à l'arête du Mont Favre au 11eme km et 2e pointage

11,1km 1278d+ Arête du Mont-Favre 737ème Mardi 2h02, 2:12:05 - 4,7km/h

A part sur le ravitaillement précédent, je ne vois pas où j'ai pu gagner des places car on est à la queue leu leu constamment, mais pas de bouchon donc ce n'est pas trop chiant. 

Derrière l'arête ça redescend un peu et je ne rigole pas du tout car les chocs en descente martyrise mon estomac et alentour, je passe mon temps à remonter ou redescendre la ceinture de mon short car j'ai l'impression qu'elle m'est trop serrée et je cherche un endroit où elle appuie moins. J'ai essayé de manger une compote décat' mais ai recraché illico. Heureusement, j'ai une flasque de 750ml de boisson Maurten, qui passe bien et contient 80gr de glucides. Comme le calcul de la quantité de glucides à l'heure d'effort est à la mode et que je suis conformiste, je me mets à calculer :

....Alors j'ai 4 recharges de 80gr plus celle du départ = 400gr de glucides... si je bois la flasque en 2h et que j'arrive au ravito et que y a de la boisson iso, peut être que je peux en tester ? Jusqu'à Beaufort où j'ai d'autres recharges, si il est 18h... Je divise 400 par 18 ça fait déjà... bon selon Bachet-Bézout je suis dans la merde, mieux vaut ne pas y penser...

Puis les glucides c'est joli mais ça n'enlèvera pas la douleur et je remercie les traceurs de vite nous faire remonter jusqu'au col Chavannes après le ravitaillement du lac Combal :

14,9km 1299d+ Lac Combal 729ème Mardi 2h34, 2:43:55 - 7,2km/h 

Encore la cohue sur ce ravitaillement, je refais le plein d'une flasque de boisson Maurten, et je regarde si un truc salé pourrait faire du bien quand même. Bof bof mais je me force.

On repart vers Chavannes, je n'ai aucun souvenir de la montée mais je redoute la descente.

 19,4km 1925d+ Col Chavannes 728ème Mardi 3h46, 3:56:15 - 3,7km/h

2592m. La descente est raide sur quelques centaines de mètres puis ça déroule sur une piste pendant un long moment. Impossible de relâcher la foulée, je me sens contracté et c'est long. J'espérais que la douleur se dissipe mais elle semble s'amplifier. J'envisage d'abandonner, probablement au col du Petit Saint Bernard ou à Bourg Saint Maurice, le moral est à zéro. Je m'en veux de ne pas avoir sur moi de médicaments pour soulager les douleurs...tant pis.

Vers le km 27 on quitte la piste sur la droite, petit sentier un peu plus raide toujours en descente pour passer sous les 1800m, avant de remonter assez doucement jusqu'au Lac Verney qu'on devine sur notre gauche car les toutes premières lueurs du jour éclaircissent l'atmosphère. On contourne le lac et un dernier coup de cul sur un sentier étroit nous amène au ravitaillement de la Thuile, juste avant le col du petit Saint-Bernard à presque 2200m d'altitude :

34,8km 2489d+ Col du Petit Saint-Bernard 647ème Mardi 6h06, 6:16:14 - 6,6km/h

Comment ai-je pu gagner autant de place sur cette portion, c'est un miracle, sans doute au ravitaillement de la Thuile où j'ai simplement complété mes flasques d'eau et pris un morceau de barre Naak. Mais ce qui m'importe, c'est que mes douleurs abdominales ont disparu  ! 

Gros ouf de soulagement, j'entame la descente facile vers Beaufort, 15k et 1400m plus bas, quel bonheur de courir sans avoir mal ! Les jambes sont parfaites, les pieds aussi, je redécouvre les joies de la course. D'abord 4km de piste facile puis un sentier un peu plus raide où l'on peut tout de même dérouler, je double beaucoup de monde, on se tire la bourre quelques kilomètres avec un Suédois qui a l'impression d'être sur une descente à skis, il filera devant un peu avant Séez. Des coureurs doublés pensent qu'on paiera notre descente trop rapide en fin de course, ils ont peut-être raison mais j'ai le sentiment d'être relâché et ne pas fatiguer les quadris. 

Bref, on arrive à Séez où je prends un coca au petit ravitaillement liquide. C'est pas du coca ! Une sorte de cola de chez Sodastream, très peu de sensation sucrée ou gazeuse...pas fou. Et pas de St-Yorre non plus, quel drame !

46,3km 2521D+ Séez 506ème Mardi 7h17, 7:27:37 - 9,6km/h

Reste 3km quasiment plat jusqu'à Beaufort, je trottine tout le long, c'est long 3km de plat d'ailleurs.

49,8km 2565D+ Bourg Saint-Maurice Entrée 500ème Mardi 7h39, 7:48:59 - 9,9km/h

Qu'est-ce que je mange ? Pastèque, soupe brûlante avec des pâtes, Saucisson. Je remplis mes flasques, je range ma frontale, sors les lunettes de soleil, contrôle du sac (Tél, Veste Imper et couverture de survie pour moi). Et c'est reparti. 

49,8km 2565D+ Bourg Saint-Maurice Entrée 464ème Mardi 7h58, 8:08:01

18 min de pause, c'est pas de la transition de triathlète mais ça ira. Le prochain ravitaillement est 15km plus loin avec 2000D+, au Cormet de Roselend, je crois que c'est donc sur cette portion que j'ai rempli ma flasque supplémentaire de 500ml avec la Naak gout melon d'eau ? A moins que ça soit au Cormet ? 

Bref, il y a une section où j'ai testé cette boisson avec son goût original peu prononcé ce qui est une bonne chose.  Pour info j'ai 2 flasques de 750ml et une troisième de 500ml en "secours" dans la ceinture, que j'aurai rempli sur 2 sections mais c'était inutile car il y avait quelques points d'eau supplémentaires.

Au sortir de BSM, ça monte fort jusqu'au fort de la Platte, autour de 20% sur 5km. C'est parti et j'ai des sensations de rêve, je regarde ma vitesse ascensionnelle qui reste facilement autour de 800D+ sans aucun effort et je double des tripotés de coureurs. On croise ici les premiers concurrents sur le bas côté qui prennent des petites pauses. Je rattrape un Kikou lorsqu'on a quitté la forêt : Yves94 et sa casquette du Grand Raid. Puis j'arrive au fort de la Platte où des marchands malins vendent des boissons fraiches (on est nombreux à ne pas résister au Coca ou à l'orangina à 5€...).  


54,4km 3675D+ Fort de la Platte 422ème Mardi 9h32, 9:41 - 2,9km/h

Ca monte moins raide désormais, il y a des portions de piste jusqu'au col de Forclaz. Et une redescente par le lac Esola, une petite partie technique et la remontée au passeur de Pralognan sur 250D+ à 2567m.

C'est ici que je commence à ressentir de la fatigue, fallait bien que ça arrive...

60,5km 4418D+ Passeur de Pralognan 393ème Mardi 11h02, 11:12 - 4km/h

Descente technique à la queue leu leu sur 400m de d- où je ne cherche pas à doubler et l'on, rejoint la piste plate avant le Cormet de Roselend sur 2km interminable où affluent promeneurs et supporters. 

64,7km 4472D+ Cormet de Roselend 373ème Mardi 11h46, 11:56 - 5,8km/h

Livetrail m'indique 17min de repos ici, c'est vrai que j'ai un peu trainé. Je me suis notamment renoké les pieds, car je sentais un début d'échauffement, mais en enlevant les chaussettes, c'est beaucoup plus l'odeur que l'état des pieds qui m'a choqué. Sinon soupe avec pâtes pour changer, et réserves de bananes. La portion suivante est facile sur le papier pour rejoindre la Gittaz 7km plus loin. Et c'est le cas sur le terrain également, la montée jusqu'au col de la Sauce n'a rien de difficile (2307m), tout comme la redescente vers le torrent de la Gittaz, le chemin du curé et enfin le refuge de la Gittaz (1650m) où un ravitaillement liquide sous tente nous attend. 

72,3km 4857D+ La Gittaz 351ème Mardi 13h25, 13;35 - 5,5km/h 

Ce n'est qu'un ravitaillement liquide et je reprends une petite soupe car il y a presque 20km jusqu'à Beaufort. En sortie de tente, un coureur anglais s'assoit, sort un paquet de clopes et s'en allume une petite. Sans doute avait-il de la bière dans son camel-back. 

Pour ma part, j'achète un Orangina au refuge car je le mérite. Que ça fait du bien surtout que la montée suivante jusqu'au col de la Gittaz est longuette avec beaucoup de piste où j'adopte un rythme de marcheur nordique fatigué. En bout de piste, après 500m de dénivelé environ, un pointage :

75,4km 5355D+ Entre deux Nants 320ème Mardi 14h27, 14:37 - 3km/h

Nous sommes à 2100m d'altitude et le col à atteindre est à 2400m, c'est à peine plus raide que la piste, avec pas mal de lacets. Au col on est un petit groupe de 4 ou 5, ça trottine dans la redescente facile derrière le col, je me sens las mais je me force à suivre le rythme du groupe jusqu'au vrai col de la Gittaz. Derrière ce col, à moins que ce ne soit derrière le suivant (col du Sallestet), je lâche le groupe au détour d'une descente un peu plus technique. On passe le lac noir où un randonneur à installer un bivouac qui donne envie et des petites descentes et montées très usantes s'enchaînent jusqu'au Pas d'Outray. 

82,7km 5791D+ Pas d'Outray 303ème Mardi 15h58, 16:08 - 4,8km/h

Les quelques bénévoles présents ici me proposent de l'eau, mais j'ai largement de quoi tenir pour l'énorme descente (1400D-) jusqu'à la base vie de Beaufort. La descente commence techniquement, pas trop possible de doubler et je ne prends pas de risque, d'ailleurs je ne me sens pas super bien en début de descente. Je rattrape le Youtube Royal Bâtard et on parle de stratégie dodo, il a l'air sympa ! Je me sens bien  mieux lorsque l'on foule des chemins forestiers moins caillouteux. Les fontaines ou ruisseaux traversés sont presque tous l'occasion de se rafraichir. Je trempe même les pieds entiers chaussures comprises, me nettoie les jambes, le visage et les bras peu avant la base vie car je compte m'y changer complétement. 

Elle fut longue cette descente, Beaufort sonne comme une délivrance.

91km 5866D+ Beaufort Entrée 270ème Mardi 17h15 17:25 - 6,5km/h

Bien remplie, la base vie. Je trouve une place et entreprend de me changer entièrement, me renoker, recharger le sac en nourriture (principalement en sachet de poudre iso car les compotes, gels et autres pâtes de fruit ne passent pas trop bien) manger des crozets (mais pas méga faim) et tenter une sieste sur les tapis en plein milieu de la salle trop bruyante (pas dormi et 20min perdues) mais heureusement, j'avais ma bouteille d'Orangina de 50 cl que je m'enfile d'un trait.

91km 5866D+ Beaufort Sortie 295ème Mardi 18h27, 18:37  

Pas très content d'avoir passer autant de temps pour ne même pas dormir, en plus j'ai perdu des places pour la première fois de la course. En revanche, en sortant de Beaufort, dans mes beaux habits propres et mes Hoka Mafate (j'avais les Speedgoat jusqu'alors), je me sens revigoré. J'estime alors que la fin de course devrait très bien se passer. Hauteluce arrive après quelques chemins inintéressants, de la route et de l'ennui. Seul bénéfice, 6km et 500D+ de moins à avaler.

97,3km 6396D+ Hauteluce 282ème Mardi 19h36, 19:46 - 5,4km/h

Ai-je bu de la soupe à Hauteluce ? Mystère, mais j'en repars avec 2litres d'eau. Il y a encore un peu de route en sortie de ravitaillement, puis on entre dans la forêt et ça va monter jusqu'au barrage de la Girotte. On est un petit groupe mené par Pierrick et Pierrick. Je prépare ma frontale, Pierrick semble avoir un coup de moins bien, Pierrick l'attend et lui dis de manger, je file et c'est là que je me dis que ça va être long. Très long. Cette portion a été un calvaire jusqu'au Signal. Ca commence par un petit 4km de sentier "facile" mais à 20% pour bien puiser dans nos réserves. Vers 1900m d'altitude ça se calme, on a l'impression d'avoir fini la montée. Mais un coup de cul très désagréable vient rompre l'espoir. On a l'impression de zigzaguer au hasard, de montée et descendre au gré des envies sadiques des traceurs.

Il y a un pointage vers le lac de la Girotte, je me souviens vaguement l'avoir passé, à vrai dire j'étais plutôt désabusé à ce moment, tout comme plusieurs coureurs autour de moi avec qui les échanges ressemblaient à : "c'est le truc brillant là-bas tu crois le Signal ?" "Non, je crois qu'il reste encore ....km" "Oh putain on dirait que ça remonte là-bas regarde les frontales" "Mais pourquoi on va dans ce sens ?" "c'est une blague ce chemin !" 

107,4km 7495D+ Barrage de la Girotte 250ème Mardi 22h06, 22:15 - 4,1km/h 

La petite consolation égoïste, c'est qu'on aperçoit également les frontales des coureurs qui descendent du col de la Gittaz -donc vers le kilomètre 80- et se dirigent vers Beaufort, on est bien content alors d'être à notre place !

Il arrive un moment où la boucherie se termine et une piste caillouteuse la remplace. Ca ne me réjouit même pas tellement j'en ai ras la frontale de tout. Le Signal arrive, je vais sans doute y finir mes jours et puis voilà.

114,2km 7824D+ Remontée le Signal 220ème Mardi 23h36 - 23:46 - 4,5km/h

Suis étonné du nombre de places gagnées depuis Hauteluce (où personne n'était au ravitaillement). J'ai plutôt eu l'impression de me faire doubler mais c'est vrai qu'énormément de coureurs faisaient des pauses, voire tentaient des siestes sur le chemin. De mon côté, je ne me suis pas arrêté une seule seconde sur le chemin de toute la course (si ce n'est 3 pipis) ce qui est un exploit pour moi.

Mais retournons au Signal, désabusé j'y arrivais vous disais-je. C'est un restaurant d'altitude. Il y fait bon et calme. J'aperçois des lits de camps et des couvertures. Je bois ma soupe. Marion m'appelle, elle devait venir aux Contamines où j'espérais dormir. Mais changement de plan, elle n'y viendra pas et je vais tenter le dodo ici. Je m'allonge, remonte la couverture, cale bien ma tête et PUTAIN ILS FOUTENT LA MUSIQUE !!!! Mais je sens le sommeil arriver tout de même, un coup d'oeil au téléphone, il est 23h55 (je ne mets pas de réveil, si je dors 15h tant mieux !), je m'en dors le plus rapidement de ma vie. Un bruit de verre me réveille, il est 23h15. Je grelotte mais me sens tellement reposé. Allez hop on se casse après avoir grignotté quelques merdouilles. Je vole dans la descente des Contamines, ça ne se voit pas au classement car je suis tout de même resté 55minutes au Signal. D'après ma trace GPS, j'ai volé à 8km/h jusqu'aux Contamines, on est pas sur du Rafale je l'admets ...

Sinon la descente c'est assez raide sur 3km puis très facile voire plat sur les 4 derniers.

121km 7832D+ Les Contamines 235ème Mercredi 1h24, 25:34 - 4,1km/h 

Je crains que ces bonnes sensations ne finissent pas s'estomper donc je ne traine pas au ravitaillement, et file vers la montée du Tricot. La première partie jusqu'au Chalets du truc se passe globalement bien car ce n'est pas très raide, puis après une petite redescente ça se corse jusqu'en haut. Plus beaucoup de batterie dans le bonhomme, et c'est très fatigué que j'atteins le Tricot. Moralement par contre, ça va très bien, car ça sent très fort la fin.

129km 9026D+ Col de Tricot 214ème Mercredi 3h46, 27:56 - 3,1km/h

La descente me revigore un peu, sauf que je ne m'attendais pas à ça. Personne ne s'y attendait. On passe des 2100m du col à 1400m, avec des passages très merdeux sur de la caillasse humide, avant de remonter à 1800m pour atteindre Bellevue, qui marque enfin la fin des difficultés !

135,7km 9443D+ Bellevue 193ème Mercredi 5h15, 29:25 - 4,5km/h

Que de la descente jusqu'aux Houches ce qui n'est pas pour me déplaire. mais on est quand même pas loin des 20% de pente donc ce n'est pas de tout repos. Les derniers km sur la route n'en terminent pas...

140,3km 9447D+ Les Houches 193ème Mercredi 5h59, 30:09 - 6,5km/h

Plus que 8km, Marion m'appelle, elle est aux Houches mais je viens de partir, je garde un rythme de trot régulier, j'arrive à courir dans les petits faux plats montants, sauf qu'il y en a plus que ce que j'imaginais et je dois parfois marcher. C'et long 8km parfois. A l'approche de Chamonix, plusieurs joggers me félicitent, je savoure en souffrant, un dernier passage piéton à traverser, des barrières et l'arche.

148,4km 9556D+ Chamonix 188ème Mercredi 6h57, 31:07:32 - 7,9km/h

dimanche 12 mai 2024

GR 400 de l'Ascension 2024

Avant

 Au sortir d'un hiver sportif mais sans randonnée, le célèbre pont de l'Ascension se prêtait parfaitement à une première balade printanière.  Assez vite le GR400 m'a attiré par ces multiples avantages : départ accessible en train facilement depuis l'ile de France, juste assez long pour m'occuper 3-4 jours, juste assez montagneux pour offrir de beaux paysages et un peu de technicité (du moins d'après ce que j'en ai vu et entendu). Bref, je réserve le train au mois de mars et il ne reste déjà que peu de possibilités horaires : j'arrive à Murat -apparemment départ et arrivée "classique" du GR- le mercredi 8 mai vers 20h30 et j'en repart le samedi 11 mai à 17h30. 

Mon étude du tracé s'est borné à une recherche sur VisuGPX, puis une découpe grossière en 4 parties prévisionnelles en partant par le sud et repérant des zones possibles de bivouac :

- Mercredi soir : environ 5km jusqu'à l)a tombée de la nuit pour planter la tente près d'une carrière avant le col de la Molède.

- Jeudi : une cinquantaine de km pour arriver près du refuge de Cabrespine.

- Vendredi : encore une cinquantaine de km pour bivouaquer sous le puy Mary entre le col de Serre et le col d'Eylac

- Samedi : environ 25 k pour revenir à Murat avant 17h.

Ca fait 2 grosses journées jeudi et vendredi mais au vu de la trace, je me dis qu'il y a facilement moyen de raccourcir selon mes humeurs, ma forme ou autre et que j'aviserai en chemin.

A l'approche du 8 mai, je scrute régulièrement la météo qui reste plutôt calamiteuse dans le secteur. Mais miracle, le beau temps semble de retour pour mes 4 jours de randonnées, avec une dernière pluie le mardi 7 et son retour le dimanche, ce quoi se confirmera. Les températures remontent également et ne devraient pas descendre sous les 5 degrés la nuit. C'est-y pas beau tout ça ?

On prépare le sac, avec 3 nouveautés pour moi cette année : un matelas plus large car j'en avais marre d'être réveillé par la sensation de tomber pendant la nuit (+110gr ouch), une mini pompe électrique pour le nouveau matelas qui du coup est bien plus long à gonfler que l'ancien (+40g aïe), une nouvelle lampe frontale qui partagera la batterie de la pompe (-10g). 

La liste est ici et le sac contient suffisamment de nourriture pour ne pas avoir à me ravitailler en chemin jusqu'au samedi après-midi.

Pendant

J0 Arrivé sans encombre à Murat à l'heure prévue, je trouve très vite les premières traces du GR qui part vers le sud, direction le hameau de Bredons et l'église Saint-Pierre en rénovation par une petite montée sur un sentier boueux. S'en suit 3km faciles pour croiser une petite route avant une bonne montée sous la forêt. Je me force à aller assez vite pour trouver où dormir avant la tombée de la nuit et je transpire beaucoup dans l'effort. Un peu avant 21h30, je trouve juste assez de plat au bord du chemin pour m'y installer, parfait.


J1 J'ouvre les yeux vers 6h10 après une nuit très bof, entrecoupée de 50 réveils, d'un peu de froid malgré les chaussettes, pantalon, t-shirt manche longue, coupe-vent, bonnet. Le temps de me motiver à sortir du quilt, de m'habiller, de démonter le bordel et ranger à peu près correctement le sac, il est 7h quand je lève définitivement le camp. J'ai eu la flemme de me faire un café, un snickers suffira. La journée commence tranquillement avec 12km faciles sur des chemins/pistes larges. Au col de la Molède quelques tentes et fourgons finissent leurs nuits, et à celui de Prat de Bouc, sous le plomb du Cantal, où j'arrive à l'ouverture du bar-restaurant, je me fais servir un café, une part généreuse de Pachade aux myrtilles et une tablette de chocolat aux amandes, de 300gr, tellement superflue. Comme son prix.

S'en suit 3,5km et environ 500m de D+ pour atteindre le sommet du plomb du Cantal, la vue n'y est pas dégueulasse puisqu'on toise une mer de nuage à l'est et l'on peut admirer la crête qu'il faudra suivre ensuite au sud-ouest.





Le début de la descente, sur la crête extrêmement venteuse, est agréable. C'est minéral et technique, la vue est magnifique, mais c'est assez court. 


On pense en effet rapidement d'une crête tranchante à un plateau bedonnant, sur un chemin large peu caillouteux propice à dérouler la foulée. Les randonneurs, exclusivement en sens opposé, commencent à affluer gentiment. 


  A proximité du buron de la Tullière, le chemin bifurque à droite et devient plus raide, je me retrouve très vite en sous bois pour 7km de descente vers Thiézac. C'est là que l'on traverse la porte au Lion, arche improbable au milieu du chemin :
On arrive assez vite à Thiézac, son camping, sa superette, son bar et ses deux tables de pique-nique en sortie de village, dont une m'accueillera pour le déjeuner.  Après 30km parcourus, une pause aération des pieds est bienvenue, surtout que le vent est bien tombé, laissant place à une chaleur lourde dont je n'ai pas encore l'habitude cette année. 
Je repars sur un chemin de croix montant jusqu'à la chapelle Notre Dame de Consolation, puis la grotte des Ermites.

Ca continue de monter assez raide sur 200D+ environ, pour rejoindre une petite route que l'on suit sur presque 2km avant de retrouver le sentier montant toujours jusqu'au puy de la Poche. Comme je reste sur le GR400, je "rate" le petit sommet l'Elancèze, mais tant pis, il est temps de redescendre, longuement vers le col du Pertus, puis Mandailles. En descendant on voit bien les crêtes qu'il faudra traverser le lendemain ou surlendemain via notamment la brèche de Roland. Mais sur le moment j'ai un peu de mal à m'imaginer le chemin restant et je n'ai vraiment pas le tracé en tête.



Le village de Mandailles est très animé mais je ne m'y attarde pas. Je file, vers St-Julien-de-Jordanne d'abord, puis le refuge de Cabrespine ou du moins ces alentours pour trouver un lieu de bivouac. De St-Julien-de-Jordanne à Cabrespine, il y a environ 400m de dénivelé sur 8km, ce n'est pas difficile mais ça m'a paru interminable car le chemin tournicote sans cesse dans la forêt et fait un détour monstrueux. 
Lorsqu'on quitte la forêt vers 1300m, on aperçoit le parking bien rempli du col de l'Egal, et on rejoint vite une piste fréquentée par beaucoup de promeneurs, familles, chiens, qui ont l'air de faire l'aller-retour entre le parking et les petites falaises de Cabrespine. 
A ce moment là j'en ai marre et je me dis que le premier terrain plat un peu à l'écart du chemin me conviendra pour la nuit, mais il n'y a rien d'intéressant avant le petit col sous le refuge. Quelques tentes occupent déjà les meilleurs coins. Je tergiverse un peu et finis par trouver un coin satisfaisant en contrebas vers le nord du col, avec un petit ruisseau pas loin et une vue pas dégueu. 
Il est à peine plus de 18h, mais avec 53km et presque 2700+ sur ma montre, j'ai eu ma dose pour la journée. 
Donc montage de la tente, trempage des pieds, petite toilette et repas dès 19h pour profiter d'un long coucher de soleil avant une nuit frisquette, comme d'habitude entrecoupée de multiples réveils. 





J2 J'essaie d'être plus efficace ce matin pour le décampage. Le résultat est mitigé mais je démarre quand même à 7h18 et direction plein est avec le soleil dans la tronche. On grimpe tout de suite, la progression est bien lente jusqu'au puy Chavaroche à 1739m mais l'ambiance du matin et la beauté des paysages aident bien.


Au col de Redondet, on peut bifurquer à l'Est vers le Puy Mary tout proche, mais ma trace me fait continuer sur la crête. Après le roc d'Hozières, le GR descend vers l'Ouest vers le Fau mais je vois qu'un chemin qui a l'air bien sympa continue au nord en restant en hauteur. Pour la première fois je consulte un peu plus précisément la carte et je constate qu'en restant sur les crêtes, d'une il y a un chemin, et de deux on rejoint le GR sous le Puy Violent ce qui évite une descente/remontée promettant d'être rébarbative. Je n'hésite pas et continue sur la crête, le soleil brille, ça roule tout seul, la brèche d'Enfloquet est jolie, le soleil brille encore.
 En retrouvant le GR400 avant le Puy Violent , quelques randonneurs et traileurs apparaissent mais c'est pas la grande foule. On rejoint une large piste monotone qui descend doucement dans la forêt, jusqu'à rejoindre un petit parking et rejoindre un sentier plus agréable ensuite.
Finalement, j'arrive assez vite au Falgoux vers 900m d'altitude où j'ai prévu de manger avant de repartir sur les "hauteurs". Petite pause à l'ombre car il fait sacrément chaud et je traîne. Comme souvent en quittant les villages, les chemins montent sec sur quelques centaines de mètres, puis se radoucissent en approchant des crêtes et sortant de la forêt.

On aperçoit le massif du Sancy plein nord. Le GR poursuit lui au sud. Une fois encore, il quitte les crètes pour redescendre vers la civilisation, à savoir vers le bled du Claux. Mais je n'ai rien à faire au Claux, et ça fait un énorme détour pour remonter vers le Puy Mary, beaucoup plus directement accessible en restant sur les hauteurs. Je fonce donc vers le Puy Mary, plein sud, en passant par le sympathique Puy de la Tourte, assez fréquenté en ce milieu d'après-midi. 
Au Pas de Peyrol, où le sentier croise la route, il y a un parking, un bar restaurant et plein de monde. Je dois patienter 15 minutes pour avoir une part de Pachade. Le temps de la dégustation je consulte la carte : j'avais prévu de camper non loin, un peu plus bas vers le buron d'Eylac voire le col de Serre mais je les ai évités en raccourcissant, et il est beaucoup trop tôt pour m'arrêter. D'après la carte, le col de Cabre ou de Rombière, à 4 ou 5km du Pas de Peyrol pourraient se prêter au bivouac, je décide donc d'en faire ma nouvelle destination du jour. Seul hic, il va falloir passer un Puy Mary bondé (de monde), alors que j'avais prévu de le monter tranquillement au réveil. 
Il n'est pas loin de 17h, je prends mon courage à deux mains, et je commence à grimper/zigzaguer les marches jusqu'au sommet. 

Je ne m'y attarde pas, de l'autre côté, la descente est beaucoup plus calme et le sentier magnifique.

J'arrive vite à la brèche de Roland, les premières tentes sont en train d'être montées sur les quelques spots intéressants. Avant le col de Cabre, quelques ruisseaux permettent de faire le plein d'eau au maximum en prévision du bivouac, j'en profite pour rincer mon tee-shirt. 
Arrivé au col de Cabre donc, il y a quelques tentes, et une groupe qui semble chercher l'emplacement idéal. Ca fait trop de monde à mon goût, je continue et c'est après le col de Rombière, au sommet des pistes de ski du Lioran, que je trouverai mon plaisir. 42km et 2200d+ pour cette journée, où j'ai avancé beaucoup moins vite, et avec des pauses bien plus longues que la veille.


J3 La nuit fut calme, moins fraiche que les précédentes, et comme je ne suis pas du tout pressé, je décide d'attendre que le soleil tape la tente pour sortir du duvet. Résultat, je lève le camp à 8h25, de nouveau sans petit déjeuner. Je rejoins le GR où il y a pas mal de monde dont beaucoup de traileurs qui font des boucles depuis le Lioran, via le Bec de l'Aigle et le téton de Vénus. 




Au bout de 5km, après un passage à gué, un grand panneau à une intersection indique le GR descendant vers le village de Laveissière, il y a des informations sur le panneau mais je n'y prête pas attention. Je consulte ma trace GPS qui a l'air de me faire rester sur les crêtes, ça file direct vers Murat. Je continue donc sur le chemin indiqué par ma trace. 700m plus loin, je tombe sur des panneaux sens interdits...

Propriété privée, chasse en cour, faites demi tour blablabla... Zut, j'hésite mais je rebrousse tout de même chemin, et sur le panneau à l'intersection précédente, je lis que le GR a été détourné pour éviter des propriétés privées. Faudra faire avec.
Le retour à Murat s'en trouve un peu moins agréable, excepté une petite cascade. Je perds les marques du GR à Laveissière et décide le retrouver après le Meynial, en coupant par un PR et un peu de route. 

Finalement, c'est après 17km, vers midi, que j'atteins Murat, ce qui me laisse le temps de déjeuner tranquillement et faire une petite toilette avant de reprendre un train à 14h, 3h plus tôt que celui réservé. 


APRES
Ravi  


 






jeudi 25 août 2022

De Ports à Piques

 Dès la 1ere édition, cette PicaPica est son ratio distance d+ infernal m’a donné envie. Mais je ne me sentais pas forcément près et la création de la PicAriège de 40km de moins aurait pu être ma course de l’été 2022. C’était sass compter sur Chris pour qui ce serait la PicaPica ou rien : je n’allais quand même pas le laisser profiter seul de la tendre caillasse ariègeoise.

Bref, dès janvier me voilà inscrit, j’achète même dans la foulée une doudoune très légère et compréssible qui manquait dans ma panoplie pour répondre aux matériels obligatoires.

En revanche le début de la préparation se fera attendre : une moyenne de 2 sorties CAP par semaine, pas beaucoup de dénivelé, un peu de vélo mais sans plus, ce qui ne m’empêchera pas fin mai de faire un beau GR73 dans les Bauges, qui m’aura rassuré un peu sur mon état général.

Mi-juillet je fais une première excursion de 5jours à Auzat avec le sac de randonnée pour reconnaître une partie du parcours en bivouac. Excellente idée à recommander pour ce genre de course, le poids du sac oblige à avoir une vitesse proche de celle qu’on aura en course et la lenteur préserve les articulations, et on peut mieux profiter des paysages qu’en course où l’on regarde beaucoup ses pieds…

J’aurai reconnu tout le parcours sauf la montée du Riufret, celle du pic rouge de Bassiès et la descente finale derrière. Bonne idée également de ne pas avoir repérer ces deux difficultés pour ne pas en être dégoûté d’avance.

Une autre semaine dans les Alpes et quelques sorties dans les Pyrénées Orientales viendront compléter ma préparation clôturée par le championnat du Canigou 2 semaines avant la course (34km 2200d+ avec une interminable descente de 2200d- qui m’aura détruit les quadris pour 3 jours). Désormais, si je suis prêt tant mieux, sinon…

Arrivé le lundi 15 août à Goulier, camp de base de l’expédition, j’aurais profité du calme du village pour rester allongé 21h/24, le reste du temps je me baladais peinardement sur les jolis sentiers à proximité ou faisais et refaisais mes sacs de course et d’allégement en me posant les cruciales questions : quelles chaussettes ? Où ranger la frontale ? Prends-je ce coupe-vent ? Combien de compotes ? Où est la Rozana ?



Vendredi 19 août 2022 5h

Il fait une température parfaite à Auzat ce matin-là, le ciel est nuageux, le départ donné, la première montée jusqu’à la Pique d’Endron se fait dans un calme froid, j’ai du enfilé mes moufles imperméables car l’humidité matinale me glace le bout des doigts, on avance à la queue leu leu et je suis avec Chris à l’Endron un peu plus vite que prévu (j’ai un pseudo roadbook en 40h fait sur l’application Liverun)


L'Endron en juillet

Auzat ⇒ Pic d’Endron : 2h36 - 10,4km - 1715d+ - 129ème

Derrière la pique d’Endron, une descente raide mais pas trop difficile nous permet de rejoindre le ravitaillement du refuge d’Izourt, près du lac et barrage du même nom. On arrive ensemble avec Chris, et on ne traîne pas au petit ravitaillement (je remplis tout de même un sachet de quelques morceaux de saucissons et fromage et un gobelet de coca). Je suis parti avec une flasque de 75cl de sirop de menthe et l’autre d’eau avec un comprimé d’électrolyte, j’ai bu toute la menthe et décide de passer à un mélange st-Yorre / eau parce que je fais ce que je veux. Après Izourt, ça monte irrégulièrement jusqu’à un étang qui marquera la séparation des parcours de la Picariège et Picapica (la picariège file direct vers le refuge Fourcat alors que nous allons faire un crochet en Andorre). C’est dans cette portion que je distance peu à peu Chris que je ne reverrais plus.

Lac d'Izourt en Août

Lac d'Izourt en Août



Montée vers Petsiguer


Pic d’Endron ⇒ étangs de Petsiguer : 5h05 – 19,4km - 2452d+ - 100ème

Du pointage de Petsiguer, on continue de monter jusqu’au port de Albeille, à la frontière Andorrane et le temps passe très vite car ce n’est pas « très » technique, que les nuages ont disparu, que je me rappelle de ce passage pendant ma randonnée. A partir de là les écarts commencent à être importants entre coureurs, en gros on est espacé de 50-100m à chaque fois. Petite descente raide mais courable sous le port de l’Albeille pour remonter aussi sec en France au col de Tristagne, je double deux trois coureurs par ci par là et la descente dans les éboulis vers le refuge Fourcat passe crème.

Il faut faire un aller-retour au refuge pour le ravitaillement donc on croise les coureurs précédents sur 300mètres, mais aussi ceux de la PicAriège.

Une fois de plus, je ne traîne pas au ravitaillement : grand verre de coca – mélange St-Yorre/eau, des chips et ça repart.


Port de l'Albeille, ça pilque

Port de Tristagne, vu côté Andorran

Port de Tristagne, vu côté français - Etang Fourcat

Petsiguer ⇒ refuge de l’étang Fourcat : 6h39 – 25,8km - 3118d+ - 88ème

Ca repart pour la montée au pic de Malcaras et on croise donc d’abord les coureurs qui vont vers le refuge Fourcat, je guette Chris mais ne le vois pas, je me demande ce qu’il fout car il est censé être plus rapide que moi.

La montée au Malcaras, bien que courte, est raide mais on est nombreux du fait des Picariègeois qui vont comme nous à Soulcem. Il n’y a que 400m d+ pour atteindre le sommet, mais ensuite 1200d- pour arriver à la base vie de Soulcem. Bon c’est pas du faux plat descendant, plutôt entre 30 % et 40 % sur 3km, autant dire qu’il faut bien avoir serrer ses lacets pour éviter de compoter ses orteils.

Enfin ça passe bien même si la fin derrière un groupe que l’étroitesse du sentier m’empêche de doubler est un peu barbante.


Refuge ⇒ Soulcem 1 base vie : 8h16 – 31,7km – 3518d+ - 69ème

A la base vie, je mange une soupe un peu trop épaisse à mon goût et tout un tas de trucs pendant que mes pieds prennent le frais et se renokent (je les aide). J’ai mangé 2 compotes, un gel, une barre de céréale et un snickers sur ces 8 premières heures de course, en plus du grignotage sur ravito.

Au bout de 20min de pause ce qui est raisonnable, je repars avec le plein d’eau/St-Yorre dans une flasque, et de pulco surdosé dans l’autre (beurk).

En sortant de la base vie, les 2 parcours se séparent de nouveau et je me retrouve seul sur les quelques kilomètres faciles avant d’attaquer la montée vers les étangs de Caraussans et l’Andorre.

Lors de ma randonnée, j’avais complètement explosé dans cette montée / ce mur, alors je stresse un peu et j’essaie de me trouver un rythme soutenable sans trop d’effort. Je fais d’incessant calcul de vitesse ascensionnelle sur cette portion, et il semblerait que je tienne un 600-650md+ ce qui pour moi est excellent. Au sommet de cette rude montée, après avoir longé un des lacs où j’avais bivouaqué un mois plus tôt, on arrive dans un autre monde : celui des remontées mécaniques et du mirador d’Arcalis, ça fait bizarre de voir des touristes arrivés là-haut en sandalettes, mais à vrai dire c’est comme une parenthèse moelleuse au milieu de ce parcours sauvage.

Je fais le tour du mirador tranquillement, puis entame la descente roulante jusqu’au ravitaillement d’Arcalis, tenu entre autre par l’ancienne organisatrice de la Ronda del Cims.

vallon de Soulcem

Port de l'Albeille et de Tristagne de part et d'autre du pic Tristagne
vus depuis le mirador d'Arcalis


Soulcem ⇒ Arcalis : 10h55 – 39,3km – 4590d+ - 59ème

Ce ravitaillement est différent des autres, comme sur la Ronda, il est composé d’un petit buffet de crudités et fruits plutôt alléchant, Sauf que je n’ai pas envie de traîner, alors je me fais une petite assisette de pâtes froides, pastèques et melon, remplis les flasques de je ne sais plus trop quoi, et file sur le chemin de la Coma ou du col d’Arcalis qui commence tranquillement en longeant parfois des pistes, ce qui permet de digérer tout en profitant du réseau 4g andorran pour passer un petit coup de fil à madame.

Pour moi, c’est la partie la plus facile de la course (et siit une partie des sentiers de la Ronda), depuis Arcalis ça fait quelque chose comme 400d+ jusqu’au col, 300d- jusqu’aux étangs de l’Angonella, 400d+ jusqu’au pic de les fonts avec un petit passage technique en crête, et 250d- pour atteindre la cabane de Montmantell, le tout sur des sentiers plutôt « faciles » comparés au reste de la course. Franchement rien à signaler sur cette jolie portion faite seul avec 3-4 gars à 200 ou 300 mètres derrière et deux gars en vue de temps en temps au loin devant...Une simple pause avant le passage en crête pour bouffer une compote ou barre mais sinon le rythme était régulier. Les places gagnées sont donc à mettre au crédit de ma pause rapide au ravitaillement d’Arcalis.



Arcalis ⇒ Cabane de Montmantell : 13h19 – 47km – 5510d+ - 53ème

De la cabane de Montmantell, il faut revenir en France en montant 200d+ environ au port d’Arinsal, autant dire que ça passe vite, on longe deux superbes lacs encaissés, et le col est étroit, c’est de toute beauté !

La descente derrière de presque 900d- jusqu’à la cabane de Crouts est moins rigolote sur sa première partie, mais je rattrape un gars, prénommé Samson, avec qui je ferai une grosse partie du reste de la course, parfois devant, parfois derrière, parfois ensemble. L’air de rien, en discutant un peu, le temps passe plus vite, mais on est aussi plus souvent distrait ce qui nous fait rater deux-trois fanions, sans conséquence autre que quelques secondes perdues.


Etangs de Montmantell sous le port d'Arinsal
Descente du port d'Arinsal


Montmantell ⇒ Cabane de Crouts : 14h47 – 52,2km – 5808d+ - 52ème

Le ravitaillement de la Crouts est sommaire : deux tentes en haut du vallon de Soulcem. Je m’y assois sur un tabouret pliable est pour la première fois de la course, je me sens fatigué. J’ai même un peu de mal à manger et me demande si ma ceinture ventrale ne me serre pas un peu trop. Je me force tout de même à grignoter ce qui traîne, et remplis une flasque d’un mélange eau-coca-st-yorre à la con avant de me forcer à repartir pour m’arrêter 150m plus loin car je décide de me préparer à la nuit en profitant d’un beau rocher pour poser le sac : je range ma casquette et mes lunettes de soleil pour les remplacer sur la tête par la frontale, ce qui me prend environ 3heures…

Je constate que je ne suis pas le seul manchot à perdre du temps avec mes affaires puisque Samson s’arrête également pour enlever la veste qu’il avait mise au sortir du ravitaillement, et un autre coureur, Thomas, avec qui je ferai une partie de la montée jusqu’au Pic de la Soucarrane met ses belles manchettes Andorra Ultra trail. Mise à part cette petite pause, la montée jusqu’au port de Bouët se passe sans encombre, quelques randonneurs ont posé leurs tentes au lac de la Soucarrane, ils y passeront une nuit éclairée par les frontales des coureurs qui défileront toute la nuit. Thomas est bavard mais un peu trop rapide pour moi, il s’éloigne inexorablement lorsqu’on atteint les pentes plus techniques de la crête menant au pic de la Soucarrane et que j’allume la frontale. Il y a 400m de dénivelé à effectuer sur la crête, c’est raide et technique, je me cogne une fois le crâne sur un rocher en passant une marche un peu haute, je cherche parfois le prochain fanion, j’en ai vite marre de cette crête de merde…En arrivant au sommet, des bénévoles nous accueillent : « alors ?? on est pas bien là-haut !! » « »si si mais faut que je redescende moi, je monte, je descends, je remonte, je redescends, un éternellement recommencement » Enfin c’est vrai qu’on est bien, il fait doux et on aperçoit les frontales clairsemées derrière nous le parcours quasiment depuis le port d’Arinsal.

Port de Bouët

Crête du pic de la Soucarrane (juillet)

Crête de la Soucarrane, Etang de la Soucarrane (juillet)


Crouts ⇒ Pic de la Soucarrane : 16h59 – 57km – 6836d+ - 48ème

Le début de la descente du pic de la Soucarrane est raide mais ça roule à peu près, c’est à partir du port de Roumazet 300d- plus bas que ça se gâte puisque le sentier disparaît sous les cailloux pendant quelques 300d- encore, c’est usant et je rattrape une coureuse belge qui montait très bien mais semble en avoir ras la casquette des descentes (elle abandonnera à Soulcem). Vers 2250m, ça devient un peu plus roulant, même qu’il y a un passage plat dans de l’herbe qui me fait sauter de joie. Puis une bénévole sortie de nulle part interpelle : « Attention, il y a des marches glissantes plus loin ! » Là je me dis que pour qu’un bénévole nous prévienne de la difficulté., doit y avoir une vacherie quelque part… Ben non, en fait j’ai pas vu de différence avec le reste de la course, au contraire, bizarre ce coup là.

Bon on finit la première partie de la descente à l’étang de Roumazet, et on pourrait continuer tranquillement de descendre jusqu’à Soulcem sauf que ça serait trop facile. Donc ça remonte sur 300+ pour aller chercher les étangs de la Gardelle (d’aucun affirme que ce sont les plus beaux lacs des Pyrénées, c’est exagéré…). Sur cette remontée, je suis pris de haut-le-cœur, faut dire que mon ventre me faisait un peu souffrir depuis le dernier ravitaillement. Obligé de m’arrêter quelques instants, plusieurs coureurs me doublent aussitôt alors que je ne voyais aucune frontale derrière. Je vomis un peu et ça fait du bien, les petites douleurs abdominales ont instantanément disparu.

On finit par arriver au petit col avant les étangs, il ne reste plus qu’à descendre 800d- tout de même et c’est looooooong… Impossible d’avoir un rythme correct et Samson me redouble à ce moment, il me dit de m’accrocher mais j’ai un peu perdu la foi en mes « qualités » de descendeur et je manque de me péter la gueule plusieurs fois, bref il file.

Dans cette descente bien technique je manque de lucidité, je n’arrive pas à comprendre que les lumières tout en bas viennent de voitures sur la route qui monte à Soulcem et je pleure intérieurement en pensant que ce sont des coureurs et que c’est trop loin et bam… un rocher dans le genou, une cheville qui vrille un peu, une semelle qui glisse, un bâton qui dérape.

un des étangs de la Gardelle (juillet) 


Soucarrane ⇒ Soulcem 2 base vie : 20h02 – 65,6km – 7365d+ - 57ème

J’arrive à Soulcem pour la seconde fois samedi matin à 1H. Juste avant la tente, le camion du vendeur de Burger me demande si j’en veux un (gratuit pour les coureurs), of course que j’en veux ! On me l’apporte dans la tente et il est délicieux !!

Ici je me change entièrement, je renoke les pieds (la plante commence à être très douloureuse), bois une demi orangina, mange beaucoup de jambon de pays, deux sandwichs au pâté, des pastèques, du chocolat, je crois que j’ai tout goûté en fait...Et je tente une sieste dans une tente prévue à cet effet un peu plus loin, sauf que j’ai la flemme de mettre un vêtement plus chaud, mes boule quiès et de prendre un truc en guise d’oreiller donc forcément je passe 15min allongé mais impossible de trouver le sommeil. De toute façon c’est pas mon heure il est encore trop tôt, tant pis je repars en remplissant mes flasques de coca/eau et sirop de citron et en prenant un coupe-vent léger en plus car je crains le froid du petit matin sur les sommets.

1h de pause en tout et j’ai l’impression de m’être bien requinqué, et il faut ça pour la prochaine montée à la réputation sulfureuse : le col du Riufret 1300m plus haut.

Ma bonne impression fera long feu et si les 200 premiers mètres de dénivelé positif se passent bien, le reste de la montée sera un calvaire, entrecoupé de multiples pauses, de grimaces, d’insulte des organisateurs. C’était dur mais avec le recul, lorsque j’avançais ça allait et je ne me suis fait doublé que pendant mes arrêts. Chris ayant fait cette montée de jour me confirmera qu’il vaut peut-être mieux la passer de nuit, ça évite de se poser trop de questions !


A 2700m, soit 250m de d+ sous le col, un gars redescend : « bah qu’est-ce que tu fais ? » « je redescends, j’abandonne » « hein, mais il ne te reste rien, et la descente de l’autre côté et beaucoup plus facile pour abandonner » « non, je ne veux plus rien monter, je rentre à Soulcem »

Je ne comprends toujours pas sa décision…


Au bout de 4h30 environ, me voilà au col du Riufret et le sentiment de soulagement est énorme, dans ma tête c’est bon, je vais finir cette course.

En revanche ça caille sec ! Et il y a beaucoup de vent ici donc j’enfile mon coupe-vent, ma veste de pluie et les gants ( 10 minutes top chrono, la bénévole du col m’a même proposé de m’aider tellement je m’y prenais comme un manche avec le vent). Il reste un petit 100d+ jusqu’au Montcalm, tranquillement je les grimpe mais les haut-le-cœur me surprennent à nouveau : deuxième petit vomito qui soulage un peu moins que le premier.

Bippage au Montcalm, premier des quatre 3000 de l’épreuve, tous regroupés en 3km environ


Les 3 autres 3000 depuis le Montcalm (Juillet)

Soulcem ⇒ Pic Montcalm : 25h10 – 71,7km – 8879d+ - 43ème

De Montcalm on revient au col du Riufret, puis remonte vers le pic d’Estat et Verdaguer, ou les bénévoles sont blottis comme ils peuvent à l’abri du vent. Je n’avance pas très vite mais les quelques coureurs autour de moi sont encore plus lents, ce qui rassure.

Le soleil se lève petit à petit et on sent l’énergie monter avec lui, une nouvelle journée commence !


Montcalm ⇒ Pic d’Estat : 25h40 – 72,9km– 8985d+ - 41ème


Le Sulho c’est le petit 3000 bonus pour voir si on a bien suivi le jeu : 3km en 1h20 pour l’aller-retour avec une fin d’ascension compliquée où j’ai hésité à ranger les bâtons.


Estat ⇒ Pic Sulho : 26h57 – 75km – 9249d+ - 40ème


Je rattrape Samson dans la descente vers le refuge du Pinet, où l’on croise Mic31, organisateur du trail des Citadelles, venu photographier les coureurs du marathon notamment. D’ailleurs un peu plus bas, voilà les premiers qui déboulent, d’abord au goutte à goutte, puis par paquet de 10-15, ce qui va bien ralentir notre descente car notre bienséance nous force à leur laisser le passage. Cela occupe néanmoins l’esprit, je reconnais Nuria Picas notamment largement en tête chez les femmes, un peu avant d’arriver au refuge du Pinet où un petit ravitaillement nous attend.


Sulho ⇒ Refuge du Pinet: 28h46 – 79,6km – 9395d+ - 40ème


Samson repart presque aussitôt vers l’Artigue mais je préfère m’asseoir quelques minutes, je le rejoindrais à l’Artigue après une descente facile par rapport au reste de la course.


Pinet ⇒ L’Artigue : 30h01 – 84,4 – 9427d+ - 39ème

Un grand merci aux bénévoles de l’Artigue, au petit soin comme jamais, je me pose ici quelques minutes encore, le temps de bien manger et on repart ensemble avec Samson pour l’ascension du Pic Rouge de Bassiès (1400d+, deuxième gros morceau avec le col du Riufret)

Le début de la montée au pic Rouge de Bassiès qui est plutôt blanc s’effectue sur un large sentier qui ne monte pas trop, ça permet de récupérer ou se préparer au pire, puis le sentier au bout de presque deux kilomètres part sur la droite et devient beaucoup plus étroit, en devers, franchement pas agréable. Enfin, on quitte la végétation pour zigzaguer entre de grosses dalles et des passages herbeux. C’est raide, il faut beaucoup monter les genoux, un coureur nous rattrape pendant une petite pause, on continue à trois, puis je fais une mini hypo et les laisse partir devant, 200m sous le sommet. Heureusement mes forces reviennent vite et je les rejoins au pic, 3h45 après avoir quitter le ravitaillement 6,5km avant.


Faut désormais rejoindre le refuge de Bassiès, ce qui me prendra deux heures pour 1000d- environ car ça traîne pour descendre franchement, et les sentiers sont techniques comme toujours, je lâche mes deux acolytes du moment car j’ai envie de terminer cette course au plus vite, au diable les douleurs plantaires…

On finit par apercevoir le refuge au fin fond d’un vallon et je manque cruellement de patience à cet instant, ça m’agace de le voir si loin, je me sens énervé comme un parisien au volant.

Heureusement, il règne une atmosphère de quiétude dans ce refuge et c’est un jeune garçon qui m’accueille en criant :  « Heyyyyy!!!! on a un client !!!!! » Le client apparemment, c’est moi.

Le garçon m’accompagne jusqu’au refuge en me questionnant :  « tu aimes les chips ?, tu aimes les compotes ? Tu aimes le jambon ? » « j’aime tout et j’ai faim ! »


Je me pose à la table du ravitaillement et me goinfre joyeusement en discutant de la fin de parcours avec un bénévole bien informé du tracé, en gros 300d+, un replat, un dernier coup de cul et ça déroule jusqu’à l’arrivée.

Je note ça dans ma tête et repars lorsque Samson arrive en lui disant : « normalement les 40h sont jouables » mais il paraît perplexe.

Etangs des Lavants en descendant du Pic Rouge de Bassiès

L’Artigue ⇒ Refuge de Bassiès : 36h17 – 97,2km – 11 026d+ - 35ème


Et oui c’était jouable, largement, je fais la montée à fond puis je marche vite jusqu’au dernier coup de cul, et trottine jusqu’au port de Saleix.

Un bénévole me prévient : « attention il y a un passage très raide puis c’est bon »

« Ok ok, mais vu ce qu’on a traversé, ça va aller merci »


Merde il avait raison, un passage raide dans une herbe poussiéreuse m’a surpris et je suis parti sur les fesses… Dommage j’aurai pu arrivé à peu près propre c’est fichu. Ensuite ça déroule à peu près, je fais plusieurs kilomètres autour de 9min au kilomètre, une fusée quoi.

Tellement fusée que je tape dans une racine et m’étale sur le ventre cette fois, hé oh on se calme là, pouce !

Je finis par voir Auzat, et même le stade d’arrivée sur la droite en contrebas, la descente n’est pas raide mais parfois caillouteuse, mes derniers calculs me confirment que même les 39h sont jouables, je commence à sourire bêtement même si j’en ai marre et que je souffre quand soudain une sensation étrange et nostalgique me traverse : mes pieds foulent du goudron !

C’est la fin !

Refuge de Bassiès ⇒ Auzat arrivée : 38h57 – 108,9km – 11 445d+ - 35ème