dimanche 12 mai 2024

GR 400 de l'Ascension 2024

Avant

 Au sortir d'un hiver sportif mais sans randonnée, le célèbre pont de l'Ascension se prêtait parfaitement à une première balade printanière.  Assez vite le GR400 m'a attiré par ces multiples avantages : départ accessible en train facilement depuis l'ile de France, juste assez long pour m'occuper 3-4 jours, juste assez montagneux pour offrir de beaux paysages et un peu de technicité (du moins d'après ce que j'en ai vu et entendu). Bref, je réserve le train au mois de mars et il ne reste déjà que peu de possibilités horaires : j'arrive à Murat -apparemment départ et arrivée "classique" du GR- le mercredi 8 mai vers 20h30 et j'en repart le samedi 11 mai à 17h30. 

Mon étude du tracé s'est borné à une recherche sur VisuGPX, puis une découpe grossière en 4 parties prévisionnelles en partant par le sud et repérant des zones possibles de bivouac :

- Mercredi soir : environ 5km jusqu'à l)a tombée de la nuit pour planter la tente près d'une carrière avant le col de la Molède.

- Jeudi : une cinquantaine de km pour arriver près du refuge de Cabrespine.

- Vendredi : encore une cinquantaine de km pour bivouaquer sous le puy Mary entre le col de Serre et le col d'Eylac

- Samedi : environ 25 k pour revenir à Murat avant 17h.

Ca fait 2 grosses journées jeudi et vendredi mais au vu de la trace, je me dis qu'il y a facilement moyen de raccourcir selon mes humeurs, ma forme ou autre et que j'aviserai en chemin.

A l'approche du 8 mai, je scrute régulièrement la météo qui reste plutôt calamiteuse dans le secteur. Mais miracle, le beau temps semble de retour pour mes 4 jours de randonnées, avec une dernière pluie le mardi 7 et son retour le dimanche, ce quoi se confirmera. Les températures remontent également et ne devraient pas descendre sous les 5 degrés la nuit. C'est-y pas beau tout ça ?

On prépare le sac, avec 3 nouveautés pour moi cette année : un matelas plus large car j'en avais marre d'être réveillé par la sensation de tomber pendant la nuit (+110gr ouch), une mini pompe électrique pour le nouveau matelas qui du coup est bien plus long à gonfler que l'ancien (+40g aïe), une nouvelle lampe frontale qui partagera la batterie de la pompe (-10g). 

La liste est ici et le sac contient suffisamment de nourriture pour ne pas avoir à me ravitailler en chemin jusqu'au samedi après-midi.

Pendant

J0 Arrivé sans encombre à Murat à l'heure prévue, je trouve très vite les premières traces du GR qui part vers le sud, direction le hameau de Bredons et l'église Saint-Pierre en rénovation par une petite montée sur un sentier boueux. S'en suit 3km faciles pour croiser une petite route avant une bonne montée sous la forêt. Je me force à aller assez vite pour trouver où dormir avant la tombée de la nuit et je transpire beaucoup dans l'effort. Un peu avant 21h30, je trouve juste assez de plat au bord du chemin pour m'y installer, parfait.


J1 J'ouvre les yeux vers 6h10 après une nuit très bof, entrecoupée de 50 réveils, d'un peu de froid malgré les chaussettes, pantalon, t-shirt manche longue, coupe-vent, bonnet. Le temps de me motiver à sortir du quilt, de m'habiller, de démonter le bordel et ranger à peu près correctement le sac, il est 7h quand je lève définitivement le camp. J'ai eu la flemme de me faire un café, un snickers suffira. La journée commence tranquillement avec 12km faciles sur des chemins/pistes larges. Au col de la Molède quelques tentes et fourgons finissent leurs nuits, et à celui de Prat de Bouc, sous le plomb du Cantal, où j'arrive à l'ouverture du bar-restaurant, je me fais servir un café, une part généreuse de Pachade aux myrtilles et une tablette de chocolat aux amandes, de 300gr, tellement superflue. Comme son prix.

S'en suit 3,5km et environ 500m de D+ pour atteindre le sommet du plomb du Cantal, la vue n'y est pas dégueulasse puisqu'on toise une mer de nuage à l'est et l'on peut admirer la crête qu'il faudra suivre ensuite au sud-ouest.





Le début de la descente, sur la crête extrêmement venteuse, est agréable. C'est minéral et technique, la vue est magnifique, mais c'est assez court. 


On pense en effet rapidement d'une crête tranchante à un plateau bedonnant, sur un chemin large peu caillouteux propice à dérouler la foulée. Les randonneurs, exclusivement en sens opposé, commencent à affluer gentiment. 


  A proximité du buron de la Tullière, le chemin bifurque à droite et devient plus raide, je me retrouve très vite en sous bois pour 7km de descente vers Thiézac. C'est là que l'on traverse la porte au Lion, arche improbable au milieu du chemin :
On arrive assez vite à Thiézac, son camping, sa superette, son bar et ses deux tables de pique-nique en sortie de village, dont une m'accueillera pour le déjeuner.  Après 30km parcourus, une pause aération des pieds est bienvenue, surtout que le vent est bien tombé, laissant place à une chaleur lourde dont je n'ai pas encore l'habitude cette année. 
Je repars sur un chemin de croix montant jusqu'à la chapelle Notre Dame de Consolation, puis la grotte des Ermites.

Ca continue de monter assez raide sur 200D+ environ, pour rejoindre une petite route que l'on suit sur presque 2km avant de retrouver le sentier montant toujours jusqu'au puy de la Poche. Comme je reste sur le GR400, je "rate" le petit sommet l'Elancèze, mais tant pis, il est temps de redescendre, longuement vers le col du Pertus, puis Mandailles. En descendant on voit bien les crêtes qu'il faudra traverser le lendemain ou surlendemain via notamment la brèche de Roland. Mais sur le moment j'ai un peu de mal à m'imaginer le chemin restant et je n'ai vraiment pas le tracé en tête.



Le village de Mandailles est très animé mais je ne m'y attarde pas. Je file, vers St-Julien-de-Jordanne d'abord, puis le refuge de Cabrespine ou du moins ces alentours pour trouver un lieu de bivouac. De St-Julien-de-Jordanne à Cabrespine, il y a environ 400m de dénivelé sur 8km, ce n'est pas difficile mais ça m'a paru interminable car le chemin tournicote sans cesse dans la forêt et fait un détour monstrueux. 
Lorsqu'on quitte la forêt vers 1300m, on aperçoit le parking bien rempli du col de l'Egal, et on rejoint vite une piste fréquentée par beaucoup de promeneurs, familles, chiens, qui ont l'air de faire l'aller-retour entre le parking et les petites falaises de Cabrespine. 
A ce moment là j'en ai marre et je me dis que le premier terrain plat un peu à l'écart du chemin me conviendra pour la nuit, mais il n'y a rien d'intéressant avant le petit col sous le refuge. Quelques tentes occupent déjà les meilleurs coins. Je tergiverse un peu et finis par trouver un coin satisfaisant en contrebas vers le nord du col, avec un petit ruisseau pas loin et une vue pas dégueu. 
Il est à peine plus de 18h, mais avec 53km et presque 2700+ sur ma montre, j'ai eu ma dose pour la journée. 
Donc montage de la tente, trempage des pieds, petite toilette et repas dès 19h pour profiter d'un long coucher de soleil avant une nuit frisquette, comme d'habitude entrecoupée de multiples réveils. 





J2 J'essaie d'être plus efficace ce matin pour le décampage. Le résultat est mitigé mais je démarre quand même à 7h18 et direction plein est avec le soleil dans la tronche. On grimpe tout de suite, la progression est bien lente jusqu'au puy Chavaroche à 1739m mais l'ambiance du matin et la beauté des paysages aident bien.


Au col de Redondet, on peut bifurquer à l'Est vers le Puy Mary tout proche, mais ma trace me fait continuer sur la crête. Après le roc d'Hozières, le GR descend vers l'Ouest vers le Fau mais je vois qu'un chemin qui a l'air bien sympa continue au nord en restant en hauteur. Pour la première fois je consulte un peu plus précisément la carte et je constate qu'en restant sur les crêtes, d'une il y a un chemin, et de deux on rejoint le GR sous le Puy Violent ce qui évite une descente/remontée promettant d'être rébarbative. Je n'hésite pas et continue sur la crête, le soleil brille, ça roule tout seul, la brèche d'Enfloquet est jolie, le soleil brille encore.
 En retrouvant le GR400 avant le Puy Violent , quelques randonneurs et traileurs apparaissent mais c'est pas la grande foule. On rejoint une large piste monotone qui descend doucement dans la forêt, jusqu'à rejoindre un petit parking et rejoindre un sentier plus agréable ensuite.
Finalement, j'arrive assez vite au Falgoux vers 900m d'altitude où j'ai prévu de manger avant de repartir sur les "hauteurs". Petite pause à l'ombre car il fait sacrément chaud et je traîne. Comme souvent en quittant les villages, les chemins montent sec sur quelques centaines de mètres, puis se radoucissent en approchant des crêtes et sortant de la forêt.

On aperçoit le massif du Sancy plein nord. Le GR poursuit lui au sud. Une fois encore, il quitte les crètes pour redescendre vers la civilisation, à savoir vers le bled du Claux. Mais je n'ai rien à faire au Claux, et ça fait un énorme détour pour remonter vers le Puy Mary, beaucoup plus directement accessible en restant sur les hauteurs. Je fonce donc vers le Puy Mary, plein sud, en passant par le sympathique Puy de la Tourte, assez fréquenté en ce milieu d'après-midi. 
Au Pas de Peyrol, où le sentier croise la route, il y a un parking, un bar restaurant et plein de monde. Je dois patienter 15 minutes pour avoir une part de Pachade. Le temps de la dégustation je consulte la carte : j'avais prévu de camper non loin, un peu plus bas vers le buron d'Eylac voire le col de Serre mais je les ai évités en raccourcissant, et il est beaucoup trop tôt pour m'arrêter. D'après la carte, le col de Cabre ou de Rombière, à 4 ou 5km du Pas de Peyrol pourraient se prêter au bivouac, je décide donc d'en faire ma nouvelle destination du jour. Seul hic, il va falloir passer un Puy Mary bondé (de monde), alors que j'avais prévu de le monter tranquillement au réveil. 
Il n'est pas loin de 17h, je prends mon courage à deux mains, et je commence à grimper/zigzaguer les marches jusqu'au sommet. 

Je ne m'y attarde pas, de l'autre côté, la descente est beaucoup plus calme et le sentier magnifique.

J'arrive vite à la brèche de Roland, les premières tentes sont en train d'être montées sur les quelques spots intéressants. Avant le col de Cabre, quelques ruisseaux permettent de faire le plein d'eau au maximum en prévision du bivouac, j'en profite pour rincer mon tee-shirt. 
Arrivé au col de Cabre donc, il y a quelques tentes, et une groupe qui semble chercher l'emplacement idéal. Ca fait trop de monde à mon goût, je continue et c'est après le col de Rombière, au sommet des pistes de ski du Lioran, que je trouverai mon plaisir. 42km et 2200d+ pour cette journée, où j'ai avancé beaucoup moins vite, et avec des pauses bien plus longues que la veille.


J3 La nuit fut calme, moins fraiche que les précédentes, et comme je ne suis pas du tout pressé, je décide d'attendre que le soleil tape la tente pour sortir du duvet. Résultat, je lève le camp à 8h25, de nouveau sans petit déjeuner. Je rejoins le GR où il y a pas mal de monde dont beaucoup de traileurs qui font des boucles depuis le Lioran, via le Bec de l'Aigle et le téton de Vénus. 




Au bout de 5km, après un passage à gué, un grand panneau à une intersection indique le GR descendant vers le village de Laveissière, il y a des informations sur le panneau mais je n'y prête pas attention. Je consulte ma trace GPS qui a l'air de me faire rester sur les crêtes, ça file direct vers Murat. Je continue donc sur le chemin indiqué par ma trace. 700m plus loin, je tombe sur des panneaux sens interdits...

Propriété privée, chasse en cour, faites demi tour blablabla... Zut, j'hésite mais je rebrousse tout de même chemin, et sur le panneau à l'intersection précédente, je lis que le GR a été détourné pour éviter des propriétés privées. Faudra faire avec.
Le retour à Murat s'en trouve un peu moins agréable, excepté une petite cascade. Je perds les marques du GR à Laveissière et décide le retrouver après le Meynial, en coupant par un PR et un peu de route. 

Finalement, c'est après 17km, vers midi, que j'atteins Murat, ce qui me laisse le temps de déjeuner tranquillement et faire une petite toilette avant de reprendre un train à 14h, 3h plus tôt que celui réservé. 


APRES
Ravi